INFO «20 MINUTES»VIDEO. Le projet de salle de shoot à Marseille de nouveau sur la table

VIDEO. Marseille: Le projet de salle de shoot de nouveau sur la table

INFO «20 MINUTES»Un temps mis entre parenthèses, le projet de salle de shoot à Marseille est relancé, avec une ouverture possible pour 2019…
Mathilde Ceilles avec Bruno Poussard

Mathilde Ceilles avec Bruno Poussard

L'essentiel

  • Le projet de salle de shoot était entre parenthèses depuis quelques années
  • La mairie de Marseille espère un financement de l'Etat d'ici fin 2018 pour une ouverture en 2019
  • Cette salle ouvrirait dans un cadre hospitalier

On l’appelle officiellement « salle de consommation à moindre risque ». Un temps envisagé à Marseille, le projet d’ouverture de salle de shoot à Marseille avait été mis entre parenthèses. Le maire de la cité phocéenne Jean-Claude Gaudin s’était d’abord dit, favorable, avant de rétropédaler sur fond de bras de fer entre la ministre de la Santé de l’époque Roselyne Bachelot et son premier ministre François Fillon. Au micro de France Inter, l’édile avait explicité sa position, indiquant ne pas y voir d’inconvénients, mais excluant notamment l’ouverture d’une salle hors cadre hospitalier.

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C’était en 2015. Or, selon nos informations, ce projet serait actuellement bien avancé, porté notamment par l’adjoint au maire en charge de la question Patrick Padovani, médecin de profession favorable depuis longtemps à l’ouverture de ces salles de shoot. Ce dernier s’est notamment rendu à Strasbourg pour visiter la seule salle de shoot de province actuellement active, ouverte il a tout juste un an et dont le premier bilan semble plutôt bon. Il s’est également rendu à Paris pour les mêmes raisons.

Une salle au sein de l’AP-HM

Dans le projet qui se dessine, les personnes seraient reçues au sein d’une salle de l’AP-HM (Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille). « A partir du moment où la salle ouvre en milieu hospitalier, le maire est beaucoup moins défavorable à la réflexion », précise Patrick Padovani.

Et d’ajouter : « En général, il est donné dans le cahier des charges que ces structures prennent appui sur des Caarud (centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues), explique Patrick Padovani. Nous avons déjà de fait un Caarud dans l’AP-HM : il s’appelle Protox. C’est donc un dispositif à partir duquel on pourrait voir l’ouverture d’un espace protégé médicalisé. »

Un blocage financier

Interrogée, l’AP-HM indique de son côté que le projet est, à sa connaissance, en stand-by. Et pour cause : Patrick Padovani fait face à un blocage d’ordre financier. « La direction générale de la santé qui a engagé l’expérimentation sur six ans, n’a de budget que pour l’ouverture de trois salles. Paris est déjà largement engagé, Strasbourg aussi, et Bordeaux a bloqué le financement du troisième. »

Bordeaux a en effet annoncé cette ouverture il y a quelques semaines. Toutefois, la direction générale de la santé fait savoir que l'ouverture d'une troisième salle « n'est pas prévue ». Reste donc à la direction générale de la santé d’accepter de débloquer une enveloppe d’ici fin 2018 pour le dispositif marseillais, évalué à 500.000 euros, pour une mise en place espéré courant 2019. « C’est un projet réalisable, tempère Patrick Padovani. On sait comment et pour qui intervenir, mais on ne sait pas encore avec qui. On n’en est pas encore là. Le jour où on aura le feu vert, nous irons vers l’AP-HM. »

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Une réponse partielle

La réactivation d’un comité d’experts, comme celui précédemment mis en place au temps où Marseille s’était portée candidate, est ainsi envisagée. « Patrick Padovani m’en a en effet parlé la semaine dernière » confirme Serge Longère, directeur de l’association Bus 31/32. Cette structure distribue notamment des seringues stériles aux personnes toxicomanes dans une optique de réduction des risques. « C’est bien, une salle de consommation à moindre risque à Marseille, au regard des besoins des usagers et de la prévalence au virus de l’hépatite C ici, estime-t-il. En effet, 60 % du public est concerné, dont un certain nombre en dehors de tout système de soins. »

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Mais pour Serge Longère, il faudrait aller plus loin. « Ce que l’on observe, c’est que les personnes consomment à proximité de là où elles achètent les produits, soit, à Marseille, principalement dans les quartiers nord et en centre-ville. J’étais par exemple hier à La Busserine, et il y a des endroits jonchés de seringues. Par défaut, on prendra cette salle et on la soutiendra. Mais ça ne répond que partiellement aux besoins identifiés. Les gens des quartiers Nord ne viendront pas dans l’AP-HM par exemple. » La ville de Marseille comprendrait actuellement 8.000 injecteurs de rue selon les chiffres avancés par Patrick Padovani.