JUSTICEJugé pour avoir lâché une vingtaine de couples juste avant le mariage

Saint-Etienne: Le traiteur, qui avait ruiné le mariage de plusieurs couples, devant la justice

JUSTICEL’ex traiteur avait annulé des dizaines de commandes la veille des mariages organisés en 2015 dans le Rhône et la Loire…
Elisa Frisullo

Elisa Frisullo

L'essentiel

  • L’organisateur de mariage Kaïsse Traiteur, basé à Genilac (Loire), avait annulé ses prestations juste avant les noces et déposé le bilan.
  • Au printemps 2015, des dizaines de couples s’étaient retrouvées le bec dans l’eau après avoir payé le traiteur hallal.

EDIT du 02 octobre 2023 : Cet article a été anonymisé à la demande de la personne citée, en vertu du Règlement général sur la protection des données (RGPD) et du droit à l'oubli.

L’ancien traiteur, poursuivi notamment pour «délit de banqueroute et usage de chèques frauduleux » devra faire face à quarante-six victimes qui n’ont sans doute toujours pas digéré l’affaire. Ce mardi, l'ex-patron de Kaïsse Traiteur, organisateur de mariages, doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Saint-Etienne (Loire) pour avoir fait faux bond à des mariés la veille des noces.

Au printemps 2015, l’affaire avait fait grand bruit. De nombreux couples du Rhône et de la Loire, qui s’apprêtaient à célébrer leur union, s’étaient retrouvés abandonnés par le traiteur hallal, basé à Genilac (Loire), à quelques semaines, quelques jours, voire quelques heures des festivités. Dans plusieurs cas, l’homme s’était fendu d’un simple SMS pour avertir ses clients qu’en raison de difficultés financières, il allait déposer le bilan et ne pourrait pas honorer ses prestations.

Des prestations annulées mais encaissées

Les conséquences avaient alors été dramatiques pour bon nombre de couples, qui s’étaient retrouvés le bec dans l’eau après avoir versé la totalité des honoraires au traiteur, également en charge de la musique et de la décoration lors des réceptions. Des prestations facturées jusqu’à 10.000 euros.

A l’époque, la sœur de l’une des victimes, contactée par 20 Minutes, avait confié sa colère et son indignation. « Ma sœur se mariait un samedi. Il nous a vendu un mariage de rêve. Il devait s’occuper de tout, la décoration, le repas, la musique et au final, il nous plante au dernier moment », avait expliqué Mélissa.

Les victimes attendent des réponses

« Il a appelé ma sœur à 23 heures le vendredi pour lui dire de ne plus compter sur lui et de trouver un autre traiteur. Le samedi, il lui a dit qu’il ne la lâcherait pas. Et lundi, il nous a appris qu’il déposait le bilan », avait-elle ajouté. Les futurs mariés avaient alors dû emprunter de l’argent à leurs familles pour payer un autre traiteur et essayer de sauver la fête.

A l’époque des faits, l’avocate de l’ex-traiteur, suspendu à la suite de cette affaire de son poste de principal adjoint dans un collège de Firminy, avait expliqué que son client était confronté à d’importantes difficultés financières.

« Face à un passif important, il s’est rendu compte qu’il ne s’en sortirait pas. Il a prévenu ses clients, comme la loi l’impose, avant de se déclarer en cessation de paiement […]. Il s’agit d’un litige commercial, pas d’une escroquerie », avait indiqué au Progrès Me Houda Abada, indisponible lundi pour s’exprimer sur ce dossier.

Une partie infime seulement du préjudice indemnisé

Une version que va tenter de battre en brèche l’avocate des parties civiles. « Tous les chefs d’entreprise qui déposent le bilan ne se retrouvent pas dans une telle situation. Beaucoup de victimes ont le sentiment d’avoir eu affaire à un escroc qui a menti et manœuvré, qui les a mis en confiance », souligne Me Mélissandre Gaudin, dont les clients attendent aujourd’hui une reconnaissance de leur préjudice.

« Ils ne sont pas dans un esprit de vengeance, mais ils attendent des réponses à leurs questions. Ils sont dans l’attente d’une décision de justice qui les reconnaisse comme victimes », ajoute l’avocate lyonnaise. Les couples espèrent également que ce procès ouvrira la voie aux indemnisations, une infime partie seulement des sommes versées au traiteur ayant été remboursée dans le cadre de la procédure collective engagée en 2015.