Chaque année, elle revient et provoque des coupures et des perturbations sur les routes, comme ce week-end . La est pourtant dans l’Hexagone. Alors pourquoi ces chutes de flocons saisonnières perturbent régulièrement le réseau électrique et les axes routiers ?

Parce que les chutes de neige sont difficiles à anticiper

Les prévisions météo ont beau être de plus en plus sophistiquées, elles ne sont pas infaillibles, et encore moins en matière de neige. Les chutes de neige en plaine (et non en montagne) sont en effet difficile à anticiper car il faut combiner l’analyse de l’évolution des dépressions et perturbations et les prévisions de la température de l’air et de celle au sol. Il faut en outre pouvoir anticiper l’évolution de la météo pendant et après la chute de neige, qui déterminera la tenue de la neige et la formation d’un éventuel verglas, résume Pascal Scaviner, prévisionniste à La chaîne Météo, dans . L’humidité de l’air et le vent ont aussi un impact sur la qualité de la neige.

« La prévision devient difficile lorsque la température avoisine 0 degré car l’eau peut facilement et rapidement passer de l’état liquide à l’état solide et inversement », indique Météo France . Il est donc plus difficile de prévoir des chutes de neige dans en France (en dehors des zones montagneuses), où le climat est globalement tempéré, qu’à Moscou où Chicago. Or la prévision est le nerf de la guerre en matière de gestion de la neige : elle permet aux autorités de saler les routes avant que les flocons ne tombent et de déployer des déneigeuses.

Parce que c’est inévitable

Les coupures d’électricité survenues ces derniers jours ont eu lieu sur le réseau de distribution géré par Enedis dans l’Hexagone et EDF en . « Ce réseau est plus fragile, avec par exemple des poteaux en bois, moins résistants que des pylônes », précise-t-on chez Réseau Transport Electrique. Or la neige qui est tombée ce week-end dans le Sud de la France est « collante ». Elle s’accroche, notamment aux câbles électriques, qui peuvent céder sous le poids de la neige et priver ainsi certains foyers de courant. La neige collante peut avoir le même effet sur les branches d’arbres surplombant des fils électriques, avec le même résultat.

Malgré des investissements toute l’année en élagage, « on ne peut pas éviter tous ces accidents », indique Enedis. « Mais on peut réagir très vite : on a des alertes météo qui nous permettent de prémobiliser des équipes prêtes à réparer au plus vite les lignes ».

Si le réseau de transport électrique dispose de doublons, pour éviter les coupures massives en cas d’avarie sur une ligne à haute ou très haute tension, ce n’est pas le cas pour le réseau de distribution. En cas de coupure sur une ligne à basse ou moyenne tension, il n’y a donc pas de plan B.

Parce que certains usagers ne respectent pas les règles de prévention

En plus de l’approvisionnement en électricité, l’autre domaine perturbé par la neige est le transport routier. Dans le Sud-Est, le réseau secondaire et les autoroutes A8, A50 et A52, axes de circulation majeurs entre l’Italie et Aix-en-Provence, ont été perturbés samedi.

L’épisode neigeux avait pourtant été anticipé, confirme Vinci Autoroutes qui a déployé depuis son dispositif saisonnier de viabilité hivernale. Il prévoit la mobilisation 24h sur 24 et 7 jours sur 7, de près de 2 000 collaborateurs et de 700 engins d’intervention (camions de salage et de déneigement) sur tout le réseau. « Ce n’est vraiment pas un problème de moyens, ni d’anticipation : nos équipes avaient mené des opérations de pré-salage très tôt dans la nuit », estime au sujet des perturbations de samedi sur l’A8 Bertrand Wipf-Scheibel, directeur de la Communication de Vinci Autoroutes pour le réseau ESCOTA.

L’autoroutier pointe davantage le comportement de certains camions. La préfecture des Bouches-du-Rhône de plus 7,5 tonnes samedi, de 1h à midi. Mais certains camions ont circulé malgré tout, et à cause de la neige, se sont mis en portefeuille, bloquant les voies de circulation et de facto, les autres usagers de l’autoroute et les engins de déneigement. « C’est un grain de sable dans l’engrenage. A cause de quelques poids lourds, des milliers d’usagers se sont retrouvés bloqués », résume Bertrand Wipf-Scheibel, qui rappelle les règles du Code de la route : « il ne faut pas doubler les engins de déneigement, mais toujours rouler derrière eux en respectant les distances de sécurité ».

Suivre les alertes météo et décaler si possible son départ sur les routes est aussi recommandé en cas de fortes neiges.