Violences faites aux femmes: Que faut-il retenir des annonces d'Emmanuel Macron?
SOCIETE•Le président de la République a déclaré l’égalité femmes-hommes comme la « grande cause du quinquennat » et détaillé « trois priorités » pour les cinq prochaines années…Floréal Hernandez
L'essentiel
- Le chef de l’Etat compte s’appuyer notamment sur le CSA ou l’école public pour lutter contre les violences faites aux femmes.
- Il a annoncé des augmentations budgétaires pour lutter contre les violences faites aux femmes et pour l’égalité femmes-hommes.
L’égalité entre les femmes et les hommes est la « grande cause du quinquennat », a annoncé Emmanuel Macron, ce samedi, à l’Elysée, lors d’un discours à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Le chef de l’Etat a détaillé « trois priorités » pour les cinq prochaines années : « l’éducation et le combat culturel en faveur de l’égalité », un « meilleur accompagnement des victimes » et un « renforcement de l’arsenal répressif ». Et pour mettre en place son plan quinquennal, le président de la République s’est engagé à ce que le budget alloué à la lutte contre les violences faites aux femmes atteigne « son plus haut niveau jamais connu en 2018 ». Il doit connaître une hausse de 13 % alors que le budget pour l’égalité entre les femmes et les hommes doit être porté à 420 millions d’euros en 2018.
Favorable à un âge minimum de consentement sexuel fixé à 15 ans. Fin septembre, le parquet de Pontoise a estimé qu’une jeune fille de 11 ans n’avait subi aucune contrainte lors d'une relation sexuelle avec un adulte de 28 ans alors qu’elle avait porté plainte pour viol. Depuis l’âge du consentement sexuel fait débat en France.
Ce samedi, Emmanuel Macron a plaidé pour fixer à 15 ans l’âge de consentement minimum à un acte sexuel. « J’ai une conviction personnelle que je veux vous partager, nous devons aligner l’âge de consentement sur celui de la majorité sexuelle, à 15 ans, par souci de cohérence et de protection des mineurs. » Le sujet doit être débattu en 2018 dans le cadre d’un projet de loi contre « les violences sexuelles et sexistes ».
La ministre de la Justice a indiqué samedi, rapporte l'AFP, que la question de l'âge à partir duquel un mineur ne pourra jamais être considéré comme sexuellement consentant sera fixé après un débat au parlement, après la proposition du président de la République de le fixer à 15 ans.
Le délai de prescription pour les crimes sexuels sur mineur allongé
Le délai de prescription pour les victimes mineures de crimes sexuels va être allongé et passer à 30 ans, contre 20 ans actuellement, a annoncé le chef de l’Etat. « Le temps nécessaire à la parole épuise top souvent le délai de prescription », a expliqué le président.
Cet allongement du délai de prescription était préconisé dans le rapport de la mission menée par l’animatrice Flavie Flament et l’ancien magistrat Jacques Calmettes.
Création d’un délit d’outrage sexiste. Le harcèlement de rue pourra bientôt être « verbalisable immédiatement pour un montant dissuasif » avec la création d’un délit d’outrage sexiste. Ce délit sera une des priorités de la future police de proximité, a avancé le chef de l’Etat, déclarant que « les femmes ne peuvent pas en République avoir peur de sortir » et que « la rue ne peut pas être leur enfer quotidien ».
Des unités hospitalières dédiées créées. Face à l'« effet dévastateur » des violences subies par les femmes, « dès 2018 », des unités spécialisées dans la prise en charge psychotraumatique vont être créées dans les centres hospitaliers. Dix unités sont prévues dans les « mois qui viennent » en France métropolitaine « à titre pilote ». « Les soins psychotraumatiques [de ces violences] pourront être pris en charge par la sécurité sociale ».
Plus de pouvoirs pour le CSA. Évoquant notamment la pornographie sur Internet, accessible aux enfants, le président de la République a dit qu'« en 2018, nous devons repenser le cadre de notre régulation des contenus, en particulier les contenus audiovisuels en prenant en compte l’évolution du numérique et afin d’étendre les pouvoirs de régulation du Conseil supérieur de l’audiovisuel » pour ce « contrôle indispensable sur tous les contenus qui peuvent conduire à la violence contre les femmes ». Cette extension pourrait également toucher les jeux vidéo. Il a aussi annoncé pour 2018 des « modifications législatives » pour « poursuivre ceux qui agissent sur Internet pour harceler ».
La prévention passe par l’école. Emmanuel Macron a annoncé samedi la mise en place, dès 2018, d’un « module d’enseignement » dans toutes les écoles du service public consacré « à la prévention et à la lutte contre le sexisme, le harcèlement et les violences » faites aux femmes.
« Dès 2018, un grand plan de formation initiale et continue sera déployé dans le secteur public, avec une attention particulière portée sur la formation des cadres », a également déclaré le président de la République lors d’un discours à l’Elysée sur la lutte contre la violence faites aux femmes.
Traquer ceux qui pratiquent l’excision en France. « Nous veillerons aussi pour les femmes françaises soumises à l’excision à traquer partout ceux pratiquent cette barbarie », a annoncé Emmanuel Macron. Il a également demandé d’avoir « une attention toute particulière pour les femmes migrantes qui fuient leur pays car elles cherchent aussi à fuir l’excision pour elles-mêmes et leurs petites filles ».