JUSTICELe Pas-de-Calais teste une aide psychologique pour les jurés d'assises

Le Pas-de-Calais teste une aide psychologique pour les jurés d'assises

JUSTICELes personnes ayant été membres d’un jury en cour d’assises pourront bénéficier des services de psychologues…
Mikaël Libert

M.L. avec AFP

Dès le mois de décembre, la cour d’assises du Pas-de-Calais et le tribunal de grande instance de Saint-Omer vont mettre en place un dispositif d’aide psychologique pour les jurés d’assises. Cette expérimentation doit durer un an.

« Décider de l’avenir d’autrui, ça n’est pas facile, il faut vivre avec et avec des peines criminelles qui sont parfois très lourdes, même si le juré n’est pas seul, la décision est collégiale », a expliqué le président du TGI, Bertrand Duez, lors de la présentation à la presse du dispositif.

Ne pas évoquer directement l'affaire

L'équipe est constituée de deux psychologues bénévoles qui devront échanger et aider les jurés à surmonter différentes épreuves : le choc de la procédure, l’extériorisation des émotions ressenties durant le procès, la difficulté entre doute et conviction d’opiner lors d’un vote et le poids de la décision. Cependant, en aucun cas, psychologues et jurés ne pourront aborder directement l’affaire pour laquelle ils ont siégé, ni toutes les questions liées au délibéré, lequel est frappé par le serment du secret.

« C’est déjà la charge des débats, l’intimité dévoilée, le choc et la cruauté parfois des images et des dépositions qui sont données, explique Bertrand Duez. Il ne faut pas non plus négliger que l’on entend tout le monde et qu’il est difficile de prendre une décision sur la culpabilité et sur la peine quand on a entendu sur plusieurs jours des dépositions contradictoires, des plaidoiries et des réquisitions ».

Une aide facultative

L’aide psychologique sera proposée aux jurés qui peuvent la refuser. Le temps d’échange oscillera entre une et deux heures en fonction du nombre de jurés présents. Il sera collégial et interviendra à l’issue du dernier procès de la session d’assises. Les jurés ayant siégé dans d’autres procès de la même session pourront donc revenir pour bénéficier de l’aide psychologique.

Au bout d’un an, une évaluation sera réalisée par un psychologue indépendant n’ayant pas participé directement aux échanges, sur la base de questionnaires remplis par les jurés.

La Cour d’Assises du Pas-de-Calais et le TGI de Saint-Omer ont associé au projet l’association d’aide aux victimes AVIJ 62, afin de faire appel à ses psychologues en fonction des demandes.

Un dispositif similaire existe, depuis septembre 2014, à la cour d’assises de Pau et depuis février 2017 à celle de Troyes.