Incendies: Des «super-drones» bientôt à la rescousse des sapeurs-pompiers
INCENDIE•Un doctorant en Corse a été primé pour avoir inventé un drone capable de renseigner la superficie d'un feu...Mathilde Ceilles
L'essentiel
- La panoplie du pompier 2.0 pourrait bientôt être complétée d’un tout nouvel équipement: le drone
- Vito Ciullo, doctorant à l'université de Corte, vient d'être primé au concours « My innovation is » pour son drone permettant de « modéliser » un feu.
- Ce drone offre une « stéréovision multimodale », et donne donc « les caractéristiques géométriques de la surface brûlée ».
Petit, les enfants jouent aux pompiers, munis de camions miniatures et de leurs casques. Mais chez le pompier 2.0, la panoplie du soldat du feu est parfois complétée d’un tout nouvel engin : le drone. Des chercheurs travaillent actuellement pour perfectionner les systèmes existants, et ainsi aider les pompiers durant leurs interventions. C’est le cas par exemple de Vito Ciullo. Ce doctorant à l’université de Corte a été primé vendredi dernier lors du concours « My innovation is » de la Satt Sud-Est pour son drone permettant de « modéliser » un feu.
En effet, au fil de ses recherches conduites dans le cadre de sa thèse, ce chercheur est parvenu à mettre au point un système qui, une fois embarqué dans un drone, permet ce qu’on appelle une « stéréovision multimodale » : « L’innovation réside en le fait que le drone donne les caractéristiques géométriques de la surface brûlée, comme la hauteur des flammes, la largeur et la profondeur de l’incendie. »
Connaître la superficie du feu
Le système conçu par Vito Ciullo fait l’objet de tests dans des faux feux. « Des tests avec des vrais feux sont également réalisés en toute sécurité en collaboration avec les pompiers », précise le chercheur. L’innovation serait également en passe d’être brevetée.
« Si on peut connaître la superficie, ça peut nous intéresser », confie le commandant Eric Rodriguez. Ce dernier est chef de service Veille, recherche et innovation, également en charge de l’unité drone au sein dessapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône. L’innovation mise au point par ce chercheur corse permettrait en effet d’aider les pompiers à déterminer l’ampleur des dégâts. Une donnée majeure pour les soldats du feu. « A la fin d’une intervention, il faut faire le bilan de ce qui a été préservé », explique le commandant. Jusqu’ici, pour déterminer l’étendue d’un incendie, la zone est généralement parcourue à pied avec carte et GPS. Les pompiers donnent ensuite une estimation approximative du nombre d’hectares touchés.
Des drones utilisés lors des phases de surveillance et de nettoyage
Dans les Bouches-du-Rhône, les sapeurs-pompiers ont pris conscience de l’apport des drones dans leurs interventions. Depuis 2014, trois drones ont été acquis par les soldats du feu du département. Loin des objets qu’on trouverait habituellement dans les rayons des magasins, ces appareils paramilitaires très performants, coûtant aux alentours de 15.000 euros, remplissent différentes missions.
Certains, équipés de caméras thermiques, permettent de survoler une zone et estimer plus précisément les secteurs connaissant une reprise du feu. Ainsi, face à un feu de forêt, ces drones sont pour l’heure utilisés en fin d’intervention, lors des phases de surveillance et de nettoyage.
L’acquisition de six drones supplémentaires
En effet, à l’heure actuelle, impossible d’utiliser un drone en début d’incendie de végétaux, pour procéder par exemple à une reconnaissance de la zone sinistrée. « La doctrine nationale dit qu’à partir du moment où il y a un départ de feu, le but est qu’il prenne le moins d’ampleur possible, explique le commandant Rodriguez. Pour cela, on engage généralement des moyens massifs rapidement, notamment des bombardiers d’eau. La priorité est de lutter contre les feux naissant. Or, les drones représentent un risque de crash des avions. Un simple oiseau peut créer un accident, alors imaginez un drone ! »
Malgré ce frein, les sapeurs-pompiers du département ont prévu l’acquisition de six drones supplémentaires, servant notamment à la reconnaissance des bâtiments sur le point de s’effondrer.