SOCIALComment Marseille tente d'atteindre l'objectif «zéro SDF»

Marseille: Un laboratoire d’innovation publique cherche des solutions pour sortir les SDF de la rue

SOCIALDes solutions concrètes vont être expérimentées pour sortir les SDF de la rue…
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Un laboratoire d’innovation publique installé à Marseille cherche des solutions pour sortir les SDF de la rue.
  • Un bâtiment public vacant pourrait être bientôt occupé.
  • Il pourrait être une pépinière d’entreprises, un lieu culturel et un centre d’hébergement.

Imaginez plutôt : une ville où plus personne ne dort dehors, dans le froid, soumis aux intempéries après un accident de la vie. Certains vous diront qu’il ne s’agit que d’une douce utopie, alors qu’une importante vague de froid gagne la France. Pourtant, depuis un an, dans une salle de la Friche de la Belle de Mai à Marseille, des dizaines de personnes réfléchissent ensemble à des solutions pour y parvenir.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Cette salle accueille un laboratoire un peu spécial, baptisé LabZero. Ici, il n’y a aucune éprouvette, mais on se creuse quand même pas mal les méninges pour trouver des solutions concrètes pour atteindre notamment un objectif : « zéro SDF ». Doté d’un budget de 170.000 euros, le LabZero a été lancé en début d’année 2017 par le préfet de la région de Paca. Il s’agit d’un laboratoire d’innovation publique qui rassemble l’Etat à travers la préfecture, des associations et des structures tournés vers les SDF, pour lancer différentes expérimentations innovantes. Il cherche également à atteindre un horizon « zéro habitant sans droit ».

12.500 SDF à Marseille

« Il y a 12.500 SDF à Marseille, explique Marthe Pommié, coordinatrice du laboratoire et directrice de la plateforme modernisation au secrétariat général pour les affaires régionales de la préfecture. Si les pouvoirs publics le voulaient, ils seraient tous logés ! » Après plusieurs mois à plancher en petit groupe, les « laborantins » commencent à esquisser des solutions concrètes à tester dans la cité phocéenne pour sortir les sans-abri de la rue.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

La première consiste à occuper, un temps donné, un bâtiment vacant. « Cela permet de continuer à faire vivre le lieu, met en avant Marthe Pommié. C’est aussi un moyen pour le propriétaire de réaliser des économies, car le lieu est gardé et entretenu. » Le laboratoire a ainsi identifié un bâtiment de l’État actuellement vide : les anciens locaux de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement. Situés rue Bernard-Dubois, ils sont en cours de cession à la ville de Marseille. En attendant l’occupation effective de ce bâtiment, qui peut se produire d’ici quelques années, le LabZero a convenu d’un accord avec la mairie pour pouvoir occuper ces 3.000 m².

Occuper un bâtiment vacant

Ce bâtiment serait divisé en trois espaces. Un premier, animé par Yes We Camp, viserait à créer un lieu de vie et proposer diverses activités culturelles. Dans ce bâtiment seront également louées des surfaces commerciales à bas coûts par Plateau Urbain, afin de créer une pépinière d’entreprises. Enfin, le bâtiment comporterait un espace pour héberger des personnes sans domicile fixe, coordonné par le Groupe SOS solidarités.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Si rien n’est pour l’heure acté, le projet intéresse en effet son directeur régional Paca ouest Pascal Fraichard. « Le fait que ce soit un projet à multiples facettes évite que les SDF soient stigmatisés. C’est parfois difficile avec le voisinage. Vous imaginez avoir pour voisin un SDF qui boit et s’injecte de la drogue en bas de chez vous ? Avec un tel projet, cela facilite la cohabitation et l’intégration au sein d’un quartier. » Un rapport sur le sujet va être produit à la mi-décembre pour ensuite concrétiser ces idées.

Mieux prendre en charge les SDF

Autre piste exploitée : celle de chercher au plus vite une solution d’hébergement à quiconque sollicite le 115 à cet effet. À l’heure actuelle, croulant sous les appels et face à des solutions d’hébergement en nombre insuffisant, le Samu social ne peut satisfaire toutes les demandes rapidement. « Sur notre territoire, les centres d’hébergement d’urgence sont pour la plupart saturés et il est difficile d’orienter le public vers les dispositifs adaptés », note Thomas Scandellari, directeur des services intégrés d’accueil et d’orientation des Bouches-du-Rhône.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

L’idée du LabZero serait d’ouvrir un lieu pour permettre un accueil physique, contrairement à la première prise en charge téléphonique actuellement mise en œuvre. Grâce à ce dispositif, qui a pour actuel nom de code « Urgence sociale », ces sans-abri se verraient proposer un logement pour 72 heures, puis un accompagnement approprié après diagnostic. L’objectif étant de les sortir le plus rapidement possible de la rue.

De quoi mettre fin à la problématique des sans-abri en France ? « L’objectif zéro SDF est utopiste, car il y a des personnes qui ne veulent pas être hébergées, tempère Thomas Scandellari. Mais donner un logement à toutes les personnes qui veulent sortir de la rue, c’est un objectif réalisable. » Si ces expérimentations se révèlent concluantes, elles pourraient être généralisées à toute la France.