Banditisme: Pourquoi les vols à main armée baissent-ils depuis 2009?
SECURITE•Banques, commerces, particuliers : les vols à main armée sont en constante diminution depuis 8 ans, selon une étude publiée mercredi...Thibaut Chevillard
L'essentiel
- Les vols à main armée sont en constante diminution depuis 2009, selon une étude de l’Observatoire nationale de la délinquance et des réponses pénales.
- La diminution de la circulation de l’argent liquide, le renforcement des dispositifs de protection et l’action des policiers sont autant de facteurs qui contribuent à cette baisse.
C’est une tendance dont se félicitent les services de police. Depuis 2009, les vols à main armée sont en constante diminution, indique une étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, publiée ce mercredi. Selon les différentes sources qui lui ont fourni des chiffres, cette baisse est comprise entre 60 et 65 %. « Elle concerne toutes les cibles : les banques, les commerces ou les particuliers », ainsi que toutes les régions, à l’exception de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Guyane, remarque Christophe Soullez, le directeur de l’Observatoire
L’étude indique que « le secteur marchand reste le principal bénéficiaire de cette tendance à la baisse ». « Avec le développement du e-commerce, du paiement par carte bancaire, il y a de moins en moins d’argent liquide qui circule. En outre, de plus en plus de commerces se sont équipés de caisses sécurisées », poursuit Christophe Soullez. De son côté, la police nationale a mené des actions de prévention à destination des commerçants. « Environ 300 policiers référents sûreté leur prodiguent des conseils pour être moins vulnérables », explique à 20 Minutes Pascal Lalle, directeur central de la sécurité publique.
Ce dernier assure également que les opérations « anti hold-up », mises en place en fin d’année dans les zones commerciales, ont également contribué à cette chute vertigineuse des vols à main armée. « Tous les ans, nos équipes réalisent plusieurs dizaines de flagrants délits », poursuit ce haut gradé de la police nationale. Il note aussi que le renforcement de la présence policière dans le cadre de la lutte antiterroriste, ainsi que la mise en place des patrouilles des militaires de la force Sentinelle, ont participé à décourager ceux qui auraient été tentés de commettre un braquage.
Beaucoup de risques pour pas grand chose
Les établissements bancaires sont, eux aussi, beaucoup moins attaqués que « dans les années 60-70 », explique à 20 Minutes Frédéric Doidy, patron de l’Office centrale de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO). Les banques, dit-il, « ont élevé leur niveau de sécurité, avec par exemple la mise en place de sas, de plots dans la rue ». « Et avec la dématérialisation des moyens de paiement, il n’y a plus d’argent dans les caisses de surface. Or, les attaques à main armée sont passibles de la cour d’assises, avec des peines encourues relativement lourdes. » C’est donc prendre beaucoup de risques pour pas grand chose.
D’autres facteurs contribuent à cette diminution. « Certains groupes dont les vols à main armée étaient la spécialité, ont été démantelés par la police judiciaire », explique Christophe Soullez. Les progrès réalisés en matière de police technique et scientifique ont permis aux policiers spécialisés dans le banditisme « d’interpeller de plus en plus de malfaiteurs », note Frédéric Doidy. « La difficulté pour se procurer des armes participe également à faire diminuer les braquages », ajoute-t-il.
Plutôt que risquer la prison, voir d’être tué dans une attaque, la plupart des bandits qui montaient jusqu’alors «au braqo» ont décidé de se tourner « vers des activités plus lucratives, et moins risquées judiciairement, comme le trafic de stupéfiant », observe le chef de l’OCLCO. « On constate parallèlement à cette baisse des vols à main armée que tout ce qui est escroqueries sur internet augmente, notamment les débits frauduleux sur les cartes bancaires », souffle Christophe Soullez.
« Il y a encore des équipes de malfaiteurs très organisées »
Assiste-t-on ainsi à la fin des braquages ? « Il y a encore des équipes de malfaiteurs très organisées, très professionnelles, qui prennent pour cibles des transports de fonds ou qui s’attaquent à des camions transportant des cigarettes, de la maroquinerie, des parfums par exemple », confie Frédéric Doidy. Pour le patron de l’OCLCO, « iI y a encore beaucoup d’argent à faire sur ce type d’attaque. »