UNIVERSITEToulouse: La situation ubuesque de 23 étudiants étrangers sans fac

Toulouse: La situation ubuesque (et critique) de 23 étudiants étrangers sans fac depuis la rentrée

UNIVERSITE23 étudiants étrangers de l’université du Mirail se retrouvent sans-papiers faute de place en Master. Pour eux, le temps est compté…
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • 23 étudiants étrangers de l’Université Jean-Jaurès cherchent encore désespérément un Master.
  • Ils sont tous Africains et tous diplômés de la même licence.
  • Sans inscription, ils se retrouvent sans-papiers, donc sous le coup d’une possible expulsion.

«Le matin, je prends mon sac, je viens à la fac comme si j’allais en cours et je viens m’asseoir au local de l’Union des étudiants(e) s de Toulouse (UET) ». Daour a 22 ans, elle est Sénégalaise, a deux licences en poche, dont une avec mention bien. Et depuis la rentrée, elle erre dans les coursives de l’ Université Jean-Jaurès, à Toulouse, sans fac fixe, faute d’une inscription en Master.

22 autres étudiants étrangers - Marocains, Algériens, Burkinabés - sont dans son cas. Ils étaient tous l’an dernier en L3 d’économie-gestion. A la fac, un seul Master correspond à leur spécialité, le fameux Master « INES » (Innovation, Entreprise et Société) dont le nombre d’étudiants « a été fixé à 60 pour des raisons pédagogiques », précise l’université.

Conformément à la nouvelle loi sur la sélection en Master, des demandes ont afflué de toute la France. Daour, Ali, Fouad, Bazzi ou Abdelramane n’ont pas été pris sur dossier. « Comme des centaines d’autres candidats », fait remarquer l’université. « Mais il fallait deux mentions pour avoir le master et ils ont appris le changement de règle en décembre. Cette nouvelle loi exclut les plus précaires », souligne de son côté Salim Burel de l’UEM.

Sans inscription, pas de logement ni de travail

Car pour ces étudiants étrangers, il ne s’agit pas d’un simple problème transitoire d’orientation. Sans inscription, leur visa étudiant a expiré. Ils se retrouvent sans-papiers, donc sans protection sociale, sans possibilité de travailler ou de trouver un logement. La plupart sont hébergés chez des amis dans l’angoisse d’une expulsion.

La poursuite d’études est pourtant un droit. Que les 23 « sans fac » étrangers ont fait jouer. Ils ont saisi le rectorat de région, tenu de leur faire trois propositions de Master. « Une seule suffirait, on en est au stade où Master devient un mot magique », commente Fouad. Mais pas à n’importe quel prix. « Il paraît qu’ils vont me proposer la philo, ça n’a rien à voir avec mon parcours d’études », proteste une de ses camarades.

Ils font partie des rares cas non résolus

Le rectorat de région ne veut pas commenter de cas particuliers. Il indique que depuis la rentrée 165 étudiants éligibles à la poursuite d’étude l’ont saisi. « Nous avons fait 3045 demandes d’accueil dans des universités de la région et d’ailleurs, explique le rectorat, 121 ont été acceptées ».

Les 23 étudiants étrangers toulousains, issus de la même licence, font donc tous partie des rares cas non résolus. Et pour eux le temps presse.