SECURITE ROUTIERELa dénonciation par les employeurs des salariés flashés est-elle efficace?

Véhicules d'entreprise: La désignation des salariés flashés a-t-elle fait diminuer les PV?

SECURITE ROUTIEREL'obligation pour les patrons de délivrer le nom des auteurs d'infractions routières est en vigueur depuis le 1er janvier...
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Pour le délégué interministériel à la Sécurité routière, la mesure « a responsabilisé les salariés ».
  • Dans certaines entreprises on constate déjà une baisse des PV depuis janvier.
  • Mais les effets sont contrastés selon les entreprises.

Depuis le 1er janvier dernier, les salariés qui utilisent un véhicule de leur entreprise sont plus stressés. Car les employeurs ont l’obligation de désigner leurs collaborateurs auteurs d’infractions routières avec un véhicule de société. A défaut, ils s’exposent à une amende salée de 675 euros (450 euros si elle est payée dans les 15 jours). Pour les salariés, le risque de perdre des points sur leur permis est désormais bien réel.

Neuf mois après la mise en application de cette nouvelle obligation pour les employeurs, Emmanuel Barbe, le délégué interministériel à la sécurité routière est plutôt satisfait de ce qu’il constate sur le terrain : « les entreprises désignent de plus en plus les salariés flashés. Il faut dire que le montant de l’amendepour non-désignation est tellement élevé qu’ils ne peuvent pas se permettre d’en accumuler plusieurs », indique-t-il à 20 Minutes. Caroline Lambert, gérante de Lambert Transports à Pérenchies (Nord) en a fait l’amère expérience : « j’ai payé cinq fois de suite un PV pour non-dénonciation. J’ai compris ma douleur et depuis le mois de juin je délivre donc à l’administration le nom de mes salariés flashés ». D’autres entreprises, à l’instar de DDS transports et logistique à Marseille, ont décidé de délivrer les noms des salariés flashés dès le 1er janvier : « nous avons expliqué la mesure par écrit aux salariés deux mois avant qu’elle ne soit mise en vigueur, afin qu’ils renforcent leur vigilance sur la route », explique Catherine Bellandi, responsable administrative de l’entreprise.

« Cette mesure a responsabilisé les salariés »

Reste à savoir si cette épée de Damoclès a incité les salariés à faire encore plus attention sur la route. Si Emmanuel Barbe ne dispose pas encore de données chiffrées précises sur le sujet, il se montre néanmoins optimiste sur les premiers effets de la mesure : « Quelques grandes entreprises nous ont dit que ce dispositif avait permis de réduire par quatre le nombre de PV qu’elles reçoivent. Par ailleurs,le nombre d’automobilistes flashés a diminué en juillet (-1,9%), août (-2,5%), septembre 2017 (6,4%), a diminué par rapport à la même période en 2016. Et la divulgation du nom des salariés auteurs d’infractions routières n’est pas étrangère à cela. Cette mesure les a responsabilisés », assure-t-il.

Du côté des entreprises, certaines ont en effet constaté une baisse des PV reçus depuis janvier. « On est passé de deux-trois PV par mois à un seul. Je pense que nos conducteurs font plus attention car ils ont peur de perdre leur permis et leur job », indique Caroline Lambert. Même son de cloche auprès de Catherine Bellandi : « avant janvier 2017, je recevais 7-8 PV par mois, c’est désormais 4-5 », annonce-t-elle.

Certains patrons doutent de l’efficacité de la mesure

Mais la mesure n’a pas eu les mêmes effets partout : « Le nombre de PV reçus chez nous n’a pas baissé mais augmenté de 4 % par rapport à la même période. C’est sans doute dû à la multiplicité et à la modernisation des radars. Mais aussi aux impératifs de livraison rapide auxquels sont soumis nos chauffeurs, qui font parfois des petits excès de vitesse de moins de 10 km/h », explique Véronique Berraud, responsable qualité et sécurité de Sarrazain Transport Logistique à Toulouse. De son côté, l’entreprise AUB Santé de Rennes, qui dispose d’une cinquantaine de véhicules d’entreprise, estime que le nombre de PV reçus n’a pas évolué depuis janvier. Difficile donc pour les entreprises qui n’enregistrent pas de progrès de ce coté là, de voir la désignation de leurs salariés flashés d’un bon œil.

D’autant que la mesure fait craindre à certains de leurs salariés de perdre purement et simplement leur permis. Pour éviter cet écueil, Caroline Lambert a déjà pris les devants : « nous allons financer des stages de récupération de points pour les chauffeurs n’en ayant plus que quatre sur leur permis. Cela nous coûtera cher. Par ailleurs, nous allons développer les formations à l’éco-conduite pour les chauffeurs », indique-t-elle. « Nous financerons aussi une partie des stages de récupération de points pour nos chauffeurs ayant perdu beaucoup de points. Nous espérons juste qu’ils nous le diront à temps », déclare Véronique Berraud. De son côté, Emmanuel Barbe promet de faire un bilan précis de la mesure en janvier prochain « afin d’en mesurer l’efficacité sur une année complète », explique-t-il.