REPORTAGEOpération séduction des chasseurs, détestés par (presque) tout le monde

Un dimanche à la chasse: Opération séduction des chasseurs, détestés par (presque) tout le monde

REPORTAGELes fédérations de chasse de nombreux départements invitaient les non chasseurs à découvrir leur loisir le temps d'une journée...
Les chasseurs de la société de chasse la Fréjusienne, accompagnés de non-chasseurs.
Les chasseurs de la société de chasse la Fréjusienne, accompagnés de non-chasseurs.  - Adrien Max / 20 Minutes
Adrien Max

Adrien Max

Le massif de l’Estérel, dans le Var. Ses collines, ses roches rouges, sa faune, sa flore, et en fond le bleu de la mer Méditerranée. En ce dimanche ensoleillé, en plus de ses traditionnels sangliers ou cerfs, le massif accueille promeneurs, joggeurs, cyclistes et… chasseurs. Une fréquentation qui oblige, tant bien que mal, tout ce joli monde à cohabiter.

Le paysage splendide du massif de l'Esterel, dans le Var.
Le paysage splendide du massif de l'Esterel, dans le Var.  - Adrien Max / 20 Minutes

Réné-Maurice, 58 ans, vient souvent courir ici avec sa femme. Il ne supporte pas les chasseurs. « Rien que ce matin nous en avons vu au moins une quinzaine, avec leurs armes. Quand ils passent à côté de nous avec leur 4x4, ils font exprès d’accélérer pour faire de la poussière », se désole-t-il. A quelques mètres de là, dans la maison forestière du Malpey que les chasseurs de la société de chasse de Fréjus louent, un chasseur témoigne aussi du mauvais comportement de certains cyclistes : « Quand ils passent à côté de nous, certains crient "assassin", même si c’est de plus en plus rare. »

« C’est toi qui les plumeras »

Pour essayer d’améliorer cette difficile cohabitation, de nombreuses fédérations de chasse organisaient ce dimanche partout en France une opération de sensibilisation : « Un dimanche à la chasse ». Dans la chasse communale la Fréjusienne de près de 6.000 hectares, une vingtaine de chasseurs accueillaient quatre non-chasseurs pour la matinée. Gérard, 72 ans, sa femme Eliane, 71 ans, ont notamment participé à une battue. Des chasseurs sont postés, tandis que ceux qui traquent essayent de débusquer le gibier.

Le cerf qui a été prélevé le matin dans le massif de l'Esterel.
Le cerf qui a été prélevé le matin dans le massif de l'Esterel.  - Adrien Max / 20 Minutes

« Nous avions déjà participé à une chasse à courre mais jamais à une battue. On aime marcher dans la nature et aussi l’ambiance de la chasse, c’est l’occasion de faire des rencontres », explique Éliane qui est venue vivre dans la région avec son mari depuis un an. Elle n’aime cependant pas trop qu’on tue les animaux, et ça se voit au moment de poser avec les deux faisans sur la photo. « Ah non, je ne les porterai pas, et c’est toi qui les plumeras Gérard », prévient-elle.

La chasse est à l’image de la société

Si elle est un peu déçue de ne pas avoir vu d’animaux, un cerf a été prélevé un peu plus loin. Elle et son mari repartent aussi avec deux faisans « Je ne sais pas encore comment les cuisiner, confie Gérard. Fais le bouillir, lui répond un chasseur. » A l’heure du déjeuner, Alain Millanello, président des sociétés de chasse d’une dizaine de communes et membre de la fédération du Var, évoque les difficultés des chasseurs autour d’un pâté de sanglier de l’Estérel.

« C’est assez compliqué par moments avec les agriculteurs, car ce sont les chasseurs qui payent les dégâts sur les cultures et il y en a de plus en plus. Les accidents de chasse donnent aussi une mauvaise image de nous », regrette-t-il.

Alain Milanello avec Eliane et Gérard, deux non chasseurs
Alain Milanello avec Eliane et Gérard, deux non chasseurs - Adrien Max / 20 Minutes

Pourtant, depuis le début de la saison de chasse au moins six ou sept réunions sur la sécurité ont eu lieu. « On aura beau en faire 100, certains auront toujours un mauvais comportement. Un des derniers accidents concerne un braconnier qui n’avait plus le permis depuis trois ans », se désole Alain Millanello. Pour lui, la chasse est à l’image de la société : « Chez les chasseurs il y a des cons, comme chez les vététistes ou les promeneurs il y a aussi des cons. » Gérard et Eliane n’étaient visiblement pas avec des « cons », ils ont prévu d’aller écouter le brame du cerf avec Alain dans les prochains jours.