Marseille: Menaces, bagarres, insultes... Des profs de deux lycées font valoir leur droit de retrait
EDUCATION•Ils dénoncent une recrudescence de la violence, l’explosion de l’absentéisme, le manque de propreté des locaux à cause de la suppression des contrats aidés…Adrien Max
L'essentiel
- Depuis jeudi dernier, les professeurs du lycée Saint-Exupéry et du lycée Marcel Pagnol ont exercé leur droit de retrait suite à des violences physiques.
- Ils dénoncent la suppression des contrats aidés qui ont pour conséquences ces violences physiques, l’explosion de l’absentéisme.
- L’inspection académique maintient des contrats aidés au lycée Saint-Exupéry affirme se pencher prochainement sur la situation du lycée Marcel Pagnol.
Trente postes en moins. Autant d’emplois aidés supprimés au sein du lycée Saint-Exupéry, dans le 15e arrondissement de Marseille. Une baisse d’effectif qui a des conséquences directes sur le quotidien du personnel, des enseignants et des élèves.
Depuis jeudi dernier, les professeurs ont fait valoir leur droit de retrait. « Il y a eu une bagarre très violente entre deux élèves qui s’est ensuite propagée aux parents d’élèves », explique Caroline Chevé, professeur de philosophie et membre du syndicat SNES-FSU.
Les professeurs ont décidé de défiler en tête du cortège de ce mardi pour dénoncer cette situation très délicate depuis la rentrée. « On a appris l’ouverture de deux classes supplémentaires de seconde en même temps que la suppression des contrats aidés », se remémore Christian Beltra, professeur de sciences économiques et sociales, également membre de SNES-FSU.
Explosion de l’absentéisme et de la violence
Après une première mobilisation à la rentrée, ils avaient obtenu le maintien de dix postes. « Encore faut-il les voir, ils n’ont même pas encore été recrutés », s’étonne Caroline Chevé.
Résultats, une explosion de l’absentéisme, plus de 6.000 absences depuis la rentrée, et de la violence. « Nous avions mis en place un suivi très strict pour les absences. Comment appeler les parents pour les prévenir avec autant de surveillants en moins ? » s’interroge Caroline Chevé.
Des élèves se sont même joints au cortège de leur professeur pour dénoncer cette situation. « On ressent qu’il y a moins de surveillants, les élèves en profitent, ils traînent dans les couloirs et font ce qu’ils veulent. Du coup on ne se sent pas en sécurité il y a trop de violence », témoignent Raoudati, 16 ans, et Yesin, 17 ans.
Problème similaire au lycée Marcel Pagnol
Face à la grève des professeurs, l’inspection académique confirme à 20 Minutes le maintien de huit postes supplémentaires. « Nous suivons avec attention la situation de ce lycée de par sa taille et le nombre d’élèves. Un diagnostic sera prochainement réalisé », assure l’inspection académique. Mais le problème semble gagner d’autres établissements. Les professeurs du lycée Marcel Pagnol, dans le 10e arrondissement de Marseille, ont aussi fait valoir leur droit de retrait.
« Une surveillante s’est fait frapper par deux jeunes alors qu’elle s’interposait dans une bagarre », raconte Bastien Grandcoin, professeur de maths et délégué CGT. Comme pour le lycée Saint-Exupéry, les élèves profitent de la baisse du nombre d’adultes pour être violents ou faire ce qu’ils veulent.
Des problèmes pédagogiques émergent aussi. « Avec un tiers d’effectif en moins, on ne peut plus assurer la surveillance des devoirs surveillés des terminales », s’inquiète Bastien Grandcoin. Le rectorat dit « comprendre les difficultés et les traiter au cas par cas. »