ENTRETIEN«Bourgeon sait très bien où elle a enterré Fiona!»

Affaire Fiona : «Bourgeon sait très bien où elle a enterré Fiona!», assure Nicolas Chafoulais, le père de la fillette

ENTRETIENNicolas Chafoulais, le père de la petite Fiona, s’est confié à « 20 Minutes » à une semaine du procès en appel de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf…
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

L'essentiel

  • Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf vont être jugés en appel pour la mort de Fiona.
  • Ils assurent ne plus se souvenir de l’endroit où ils l’ont enterrée en mai 2013.
  • Le père de la fillette de 5 ans pense qu’ils mentent pour se protéger.

A Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Vincent Vantighem

Quand il ne fume pas, Nicolas Chafoulais triture son briquet nerveusement. Et il finit par rallumer une cigarette. « Mais ça va. Ça pourrait être pire… », assure le père de la petite Fiona. Sans doute parce qu’il n’attend « pas grand-chose » du procès en appel de Cécile Bourgeon, la mère de la fillette, et de Berkane Makhlouf, son ancien compagnon, qui doit s’ouvrir, lundi 9 octobre, devant la cour d’assises de la Haute-Loire, au Puy-en-Velay. A une semaine du début de l’audience, Nicolas Chafoulais s’est confié à 20 Minutes

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Quatre ans après la mort de votre fille, Fiona, comment vous portez-vous aujourd’hui ?

Ça va… De toute façon, je n’ai pas le choix. J’ai récupéré la garde de la petite sœur de Fiona*. Elle aura sept ans en novembre. Elle est vivante. C’est pour elle qu’il faut que j’avance. Je reste concentré sur elle et sur l’affaire judiciaire. Ce n’est pas que je ne veux pas travailler. Mais pour l’instant, c’est impossible de tout concilier. Bourgeon ne me fout jamais la paix !

Désormais, vous l’appelez « Bourgeon » ?

Oui. J’ai vécu huit ans avec elle. Mais, dans mon esprit, elle n’existe plus que pour les problèmes qu’elle a causés.

Riom (Puy-de-Dôme), le 5 septembre 2016. Cécile Bourgeon, la mère de Fiona, arrive à la cour d'assises où est jugé l'homme qui l'a violée en 2012.
Riom (Puy-de-Dôme), le 5 septembre 2016. Cécile Bourgeon, la mère de Fiona, arrive à la cour d'assises où est jugé l'homme qui l'a violée en 2012. - Thierry Zoccolan / AFP

Qu’attendez-vous de son procès en appel qui doit s’ouvrir le 9 octobre ?

Qu’une peine plus lourde soit prononcée à son encontre. En première instance, elle a écopé de cinq ans de prison [Acquittée des faits criminels, elle a été condamnée pour des délits dont la non-assistance à personne en danger**]. Cinq ans… Elle pourrait sortir bientôt. J’y pense tous les jours. Je ne sais pas de quoi elle serait capable. Même pour la petite sœur de Fiona, je ne sais pas ce qu’elle pourrait faire.

Espérez-vous toujours qu’elle révèle enfin l’endroit où elle aurait, avec Berkane Makhlouf, enterré Fiona ?

J’espérerai toute ma vie. Et je veux toujours lui offrir une sépulture digne. Mais je ne me fais pas d’illusions. Je suis persuadé qu’ils cachent quelque chose. Je suis persuadé que Bourgeon sait très bien où elle a enterré Fiona. Vous y croyez, vous, au fait que deux personnes soient frappées d’amnésie au même moment, au même endroit ? C’est pour se protéger qu’elle ne dit rien.

De nombreux anonymes et médiums ont entrepris des recherches pour découvrir la vérité. Qu’en pensez-vous ?

Franchement ? Cela ne me fait pas du bien. Il y a des choses avec lesquelles on ne peut pas rigoler. J’ai le sentiment que l’affaire Fiona est devenue une chasse au trésor. Que ma fille est un trophée. Ça part d’un bon sentiment. Mais c’est macabre et malsain.

Aydat (Puy-de-Dôme), le 18 Février 2017. Des particuliers effectuent des fouilles dans l'espoir de trouver le corps de la petite Fiona, morte en 2013.
Aydat (Puy-de-Dôme), le 18 Février 2017. Des particuliers effectuent des fouilles dans l'espoir de trouver le corps de la petite Fiona, morte en 2013. - V.VANTIGHEM

Lors du premier procès à Riom, j’ai été contacté par 261 personnes sur Facebook. En deux semaines ! Bien sûr que j’ai l’espoir de retrouver le corps de ma fille. Mais ces gens-là ne peuvent pas m’aider. La seule personne qui peut m’aider, c’est elle ! C’est Bourgeon !

Vous avez, vous-même, fait des recherches pour retrouver le corps de Fiona ?

J’ai essayé, oui. Mais c’est trop compliqué. Nous n’avons que les déclarations des accusés. Et les trois quarts d’entre elles ne sont que des mensonges. Je me suis rendu à certains endroits pour vérifier. Le lac d’Aydat ? Ça me semble trop loin de Clermont-Ferrand. Vers Volvic en revanche…

J’y pense tout le temps mais seule Bourgeon a la clé. Dans le fond, je pense qu’elle doit bien rigoler de nous voir chercher alors qu’elle sait où est Fiona.

Une photo de Fiona morte en 2013 dans des circonstances troubles et dont le corps n'a jamais été retrouvé
Une photo de Fiona morte en 2013 dans des circonstances troubles et dont le corps n'a jamais été retrouvé - THIERRY ZOCCOLAN / AFP

Comment réagiriez-vous si Cécile Bourgeon était libérée et réclamait la garde de la petite sœur de Fiona ?

Elle ne la reverra jamais ! Il faudra d’abord me passer dessus ! Ma fille sait tout de cette histoire aujourd’hui. J’essaie d’être le plus honnête avec elle. Quand elle me pose des questions, j’y réponds. Elle a vu des pédopsychiatres. Elle a fait sa rentrée en CE1. Elle mange bien. Elle dort bien. Elle se construit. Parfois, elle me demande pourquoi sa maman a fait ça à Fiona. Il n’y a qu’à cette question que je ne peux pas répondre.

* La petite sœur de Fiona étant mineure, la loi nous interdit de révéler son prénom.

** En 2016, la cour d’assises du Puy-de-Dôme a condamné Cécile Bourgeon à cinq ans de prison pour non-assistance à personne en danger et modification d’une scène de crime, notamment. Elle a été acquittée des faits criminels. Son ancien compagnon, Berkane Makhlouf a, lui, écopé d’une peine de vingt ans de réclusion pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Ayant fait appel de ce verdict, ils sont tous les deux toujours présumés innocents aujourd’hui dans l’attente du nouveau procès qui débutera le 9 octobre.