Qui est Sophie Lionnet, la jeune fille au pair tuée en Grande-Bretagne?
FAITS DIVERS•Trois jours après la découverte de son corps dans un jardin dans le sud de Londres, ses proches rendent hommage à cette jeune fille qui croquait la vie à pleines dents…Thibaut Chevillard
L'essentiel
- Le corps de Sophie Lionnet a été découvert samedi, dans un jardin de Wimbledon, dans le sud de Londres.
- Les enquêteurs suspectent les employeurs de la jeune fille au pair de l’avoir tuée.
- Ses proches se souviennent d’une jeune femme pleine de vie.
Valentin a parlé à Sophie Lionnet pour la dernière fois le 8 août dernier. « C’était une fille gentille, innocente. Elle avait la joie de vivre », nous explique le jeune homme qui partageait depuis plusieurs années avec son amie un intérêt pour les jeux vidéo. Trois jours après la découverte, dans un jardin londonien du quartier de Wimbledon, d’un corps qui pourrait être celui de la jeune Française, il ne réalise toujours pas très bien ce qui est arrivé. « J’ai partagé des moments intimes et complices avec elle. Alors savoir qu’on a brûlé son corps… »
Âgée de 21 ans, Sophie était partie en Angleterre pour apprendre la langue de Shakespeare. Depuis quatorze mois, elle était jeune fille au pair et s’occupait des deux enfants du couple suspecté par la justice britannique de l’avoir tuée. Si le corps retrouvé était trop dégradé pour être formellement identifié, les enquêteurs n’ont pas de doute sur l’identité de la victime. En juillet dernier, elle avait envoyé une carte postale à son père. Elle lui faisait part de son envie de rentrer en France. Mais rien, dit-il au journal L’Est Eclair, ne laissait présager que sa vie était en danger : « Sinon, croyez-le, je serais allé la chercher. »
Originaire de Troyes dans l’Aube, Sophie avait obtenu un CAP petite enfance, à Auxerre. « C’était une fille adorable, qui croquait la vie à pleines dents. Elle était toujours là pour vous aider quand ça n’allait pas. Elle était très cultivée, elle défendait aussi beaucoup de causes, comme la lutte contre l’homophobie ou le racisme », explique à 20 Minutes Océane, qui l’avait rencontrée sur les bancs du lycée Vauban où elle a obtenu son certificat. Elle garde en mémoire le souvenir d’une fille avec de longs cheveux noirs ondulés, qui affichait un grand sourire, et « qui ne cherchait jamais d’histoires ».
« Sophie était élève en 2014. Nous gardons d’elle l’image d’une élève exemplaire, gaie et d’une grande gentillesse », assure également sur Facebook un ancien professeur du lycée Vauban. « Elle est restée deux ans au sein de l’établissement », indique à L’Yonne républicaine un membre de l’équipe éducative. « Beaucoup d’entre nous avons appris sa mort ce samedi matin, via la presse », ajoute-t-il, soulignant qu’il « garde le souvenir d’une élève modèle, très joyeuse et charmante ».
Océane parle avec émotion de son amie, « une fille en or, passionnée par la danse, le chant ». Sophie était notamment fan de Mylène Farmer et de Michael Jackson, des stars à qui elle rendait hommage sur son blog, créé en 2012. « Sans la musique, je ne serai pas celle que je suis », écrivait-elle dessus. Surtout, Océane se rappelle que son amie « adorait les enfants ». Mais elle a appris que ceux dont elle s’occupait à Londres depuis quatorze mois « étaient un peu durs » avec Sophie.
De l’autre côté de la Manche, un groupe Facebook a été créé pour rendre hommage à Sophie et organiser une marche blanche, en présence de la famille de Sophie. L’objectif est aussi de « dénoncer les conditions de vie et l’exploitation des personnes au pair », écrit Victoria, l’administratrice du groupe, précisant que Sophie ne touchait que 56 euros par mois. « Il faut vraiment comprendre que la maltraitance chez les "au pair" est malheureusement très fréquente, il faut agir, tous ensemble, et faire en sorte que cela cesse », ajoute-t-elle. « Nous ne sommes pas des esclaves. Nous continuons d’avoir des droits, même à l’étranger, même en tant qu’au pair. »