Pour la première fois, Sofiane Rasmouk reconnaît le viol dont on l’accuse
JUSTICE•Une déclaration qui diffère totalement de celle faite lors de son procès en première instance en mai 2016…Hélène Sergent
L'essentiel
- Sofiane Rasmouk avait été condamné à une peine de prison à perpétuité en mai 2016 par la cour d’assises des Hauts-de-Seine.
- Il a fait appel de cette décision quelques jours après le verdict.
- Son nouveau procès vient de s’ouvrir ce jeudi devant les assises de la cour d’appel de Versailles.
C’est un tout autre . Sofiane Rasmouk, « le dingue », « le barjo », « l’ultra-violent » qui vitupérait, insultait et menaçait magistrats, parties civiles et avocats , n’est plus. Face aux douze jurés chargés de le juger en appel, l’accusé a livré une version des faits qu’il n’avait jusque-là jamais effleurée.
, il avait été déclaré coupable du viol de Sandra et des tentatives de viol et de meurtre à l’encontre de Priscillia, survenus en août 2013 à Colombes. En garde à vue, en audition ou lors des audiences de 2016, il n’a cessé de nier les faits. Réfutant toutes les preuves matérielles – téléphonie, vidéosurveillance, ADN retrouvé sur les victimes – Sofiane Rasmouk dénonçait un « complot policier ». Ce jeudi, pourtant, il a finalement admis être l’auteur du viol de Sandra.
« Dire pardon ? Ça sert à quoi ? »
Crâne rasé, carrure tassée, Sofiane Rasmouk a livré son nouvel axe de défense dès le début de l’audience. « Je ne maintiens pas mes déclarations », a-t-il lancé en préambule, se refermant immédiatement. « Peut-on savoir pourquoi avez-vous fait appel », demande alors la présidente Sophie Clément. « », ajoute alors l’accusé avant de se rasseoir, mutique.
Les mots ne sortent pas, son débit est rapide, il souffle dès que l’avocat général ou l’avocat des parties civiles, Me Portejoie, tentent de l’interroger. Après la diffusion de la photo du prise après son agression, Sofiane Rasmouk botte en touche : « Qu’est ce que ça me fait de voir ça ? Y a pas de mot, madame la présidente, je sais pas quoi vous dire (…) dire pardon ? Ça sert à quoi ? Ça me fait rien. »
« J’ai pété un câble »
Viennent ensuite les images captées par les caméras de vidéosurveillance. On aperçoit, dans la pénombre, Sandra, qui marche au pas de course suivie de près par un homme vêtu de noir. À quelques mètres de là, la jeune femme sera violemment plaquée contre une voiture, violée et tabassée. Il faut alors répéter la question, insister, la tourner autrement pour obtenir, enfin, une réponse.
« Avez-vous agressé Sandra ? » demande une première fois la présidente. « C’était une soirée de folie, j’ai pété un câble (…), j’ai commis des choses, j’ai fait des choses horribles », amorce alors l’accusé. « Vous reconnaissez, pour la première fois, les faits de viol sur ma cliente ? » insiste . « Oui », finit par lâcher Sofiane Rasmouk. S’ensuit un moment de flottement, balayé par les questions restées jusque-là sans réponse.
La présidente enchaîne : « , la fermeture éclair et les boutons du pantalon de Priscilla. Avez-vous voulu la violer avant de la rouer de coups ? » « Jamais de la vie », maintient l’accusé. Une version qu’il répétera jusqu’à la fin de l’audience. Lundi, la jeune femme aujourd’hui handicapée à près de 60 % à la suite de son agression sera entendue par la cour. Le procès doit se poursuivre jusqu’au 29 septembre.