Procès en appel de Sofiane Rasmouk: «On a l’impression de jouer notre vie, une seconde fois»
TÉMOIGNAGE•Le procès en appel de Sofiane Rasmouk s’ouvre ce jeudi à Versailles (Yvelines)...Hélène Sergent
L'essentiel
- Sofiane Rasmouk comparaît ce jeudi en appel devant le tribunal de Versailles pour « tentative de viol », « tentative d’homicide », « viol » et « vol ».
- Il a été condamné à la perpétuité en 2016 par la cour d’Assises de Nanterre.
- Priscilla, partie civile au procès, avait été retrouvée agonisante dans une mare de sang dans le hall de son immeuble en août 2013 à Colombes (Hauts-de-Seine).
«C’est une miraculée », s’étonne encore Ghislaine. Un « cas médical » que neurochirurgiens et réanimateurs ne s’expliquent pas. Quand sa fille Priscilla est , elle est plongée dans un profond coma, son pronostic vital est engagé. Les coups portés ont été si violents qu’ils ont partiellement ouvert sa boîte crânienne et déplacé son cerveau. « Son visage, c’était de la pulpe », confiera un médecin.
« . J’ai été obligée de m’arrêter de travailler. Priscilla a été hospitalisée pendant des mois, son état est resté très longtemps instable. Aujourd’hui, elle continue de suivre une rééducation – orthophonie, orthoptie, kinésithérapie, ergothérapie – mais elle a besoin d’aide au quotidien. Elle a des troubles importants de la mémoire immédiate, elle ne peut pas écrire correctement, sa vision n’est pas toujours nette et elle a encore des problèmes d’équilibre. Je n’aurai un avenir que quand elle en aura un, c’est dur à entendre, mais la réalité, c’est ça », analyse la mère de Priscilla.
, Priscilla et Sandra, l’autre victime dans la procédure, vont devoir retrouver le chemin du tribunal. Après un premier procès, brutal et chaotique, qui a abouti en 2016 à la condamnation à perpétuité de leur agresseur présumé Sofiane Rasmouk, toutes deux doivent assister à partir de ce jeudi à , devant la cour d’assises des Yvelines.
« Un challenge »
« C’est stressant (…) Vous avez l’impression de jouer votre vie. Une seconde fois », concèdent la jeune femme et sa mère à quelques jours du procès. Déterminées, elles abordent cette nouvelle audience comme un challenge : « Il va falloir convaincre, trouver les bons mots, saisir le moment et dire tout ce qu’il y a à dire parce qu’il n’y aura pas de session de rattrapage », lance Ghislaine, 59 ans, ancienne régisseuse aujourd’hui entièrement dévouée à sa fille.
. Violent, paranoïaque, et victimes, il n’a cessé de nier le viol sauvage de Sandra, l’autre victime agressée le même soir à quelques mètres du domicile de Priscilla. Tout juste a-t-il concédé « quelques gifles » contre cette dernière. Réfutant toutes les preuves matérielles – téléphonie, vidéosurveillance, ADN retrouvé sur les victimes – Sofiane Rasmouk dénonçait un « complot policier ».
« Un procès long, pénible, laborieux »
que redoutent Priscilla et sa mère, parties civiles dans ce procès : « D’un côté, on se dit que ça va être plus facile parce qu’on est déjà passées par là il y a un an, et d’un autre côté, on ne sait pas comment il va se comporter..Ce sera probablement long, pénible et laborieux comme l’année dernière. »
Autre inquiétude, celle du temps qui passe et abîme la mémoire. « . On a peur que les souvenirs des témoins soient moins nets, les faits plus édulcorés », lance Ghislaine.
De cette agression (Hauts-de-Seine), Priscilla, elle, ne garde aucune image, aucun son. « J’ai les récits qu’on m’a racontés, les reportages vus à la télé… Et cette grande cicatrice que je peux sentir le long de mon crâne quand je me lave les cheveux », décrit-elle pudiquement. L’issue de ce procès signera-t-elle un semblant de reconstruction ? « Mon psy me l’a dit, ça ne sert à rien de commencer une thérapie sur le fond, tant que vous n’êtes pas sortie de tous vos procès », concède Ghislaine.
. En 2015, deux ans après l’agression de sa fille, ». Le jour des faits, Sofiane Rasmouk était incarcéré et bénéficiait d’une semi-liberté. Cette nuit du 7 août 2013, il réintègre sa cellule avec plusieurs heures de retard, manifestement ivre et les baskets tachées de sang. Pas suffisant pour alerter l’administration pénitentiaire. « On lui a délivré un permis de massacrer », dénonce la mère de Priscilla.