Ouragan Irma: Quels sont les risques de propagation de maladies tropicales ?
SANTE•Le manque d’eau potable et la promiscuité peuvent favoriser le développement de certaines pathologies…Delphine Bancaud
L'essentiel
- Pour l’heure, les spécialistes ne constatent pas d’épidémies.
- Mais le manque d’eau potable peut avoir des conséquences sanitaires.
- Des maladies liées à l’insalubrité et à la promiscuité peuvent aussi survenir.
Faire tout pour que la situation des sinistrés n’empire pas. La vigilance du gouvernement est de mise vis-à-vis des risques de transmission de maladies tropicales après le passage de l’ouragan Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Des experts ont été envoyés sur place pour « évaluer les risques » a ainsi annoncé le Premier ministre lundi.
« Pour l’heure, il n’y a pas de cas déclaré d’épidémie, mais nous restons attentifs », indique à 20 Minutes l’entourage de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. « On peut imaginer une augmentation du nombre de malades dans les prochaines semaines, mais pas d’épidémies dévastatrices », renchérit Arnaud Fontanet, directeur de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur.
Des maladies dues à l’eau
Les points de vigilance des autorités sanitaires concernent plusieurs types d’affections. « Dans de pareilles circonstances, des pathologies liées au manque d’eau ou à sa mauvaise qualité peuvent apparaître. Car il faut environ 20 litres d’eau par jour et par personne pour pouvoir boire, se laver et cuisiner. Et lorsqu’il n’y a pas suffisamment d’eau potable, les gens vont se servir d’une eau impropre à la consommation, qui peut véhiculer des bactéries », explique Christopher Mambula, médecin à MSF (Médecins sans frontières). « Cela peut entraîner des diarrhées liées à des gastro-entérites de différentes natures. Avec des risques de déshydratation qui peuvent être graves pour les enfants en bas âge et les personnes âgées », indique Arnaud Fontanet.
D’où l’urgence, selon lui, de « garantir l’accès à l’eau potable le plus vite possible aux populations sur place ». Conscient de cet enjeu, Edouard Philippe a annoncé lundi que des bouteilles étaient distribuées sur les deux îles, que des citernes seraient installées et il a évoqué l’arrivée d’une usine de dessalinisation de l’eau. Car il a reconnu qu’il faudrait « au moins trois mois pour reconstruire les systèmes de distribution d’eau ». Et lorsque l’on appelle au numéro vert « Ouragan Irma » (ce que 20 Minutes a fait), des conseillers détaillent les mesures d’hygiène que les sinistrés doivent suivre : « Il faut boire de l’eau en bouteille et bien faire bouillir l’eau qui ne l’est pas, pour tuer un maximum de bactéries », indique l’un d’eux.
Les infections respiratoires peuvent croître
Autre inquiétude des sinistrés : le développement de maladies à transmission vectorielle par des moustiques (comme la dengue, le zika et le chikungunya). « Mais le risque est faible, car le passage de l’ouragan a détruit les gîtes larvaires. De plus, la saison classique de propagation de ces maladies se termine », déclare Arnaud Fontanet. Les conseillers du numéro vert « Ouragan Irma » recommandent cependant aux sinistrés de porter des vêtements longs et couvrants et d’utiliser des répulsifs à moustiques.
Mais le passage d’un ouragan peut favoriser l’apparition d’infections respiratoires. « Car les sinistrés sont souvent réunis dans des abris où la promiscuité facilite la transmission de rhumes et de maladies respiratoires », souligne Christopher Mambula. Et les médecins sont particulièrement attentifs aux enfants en bas âge et aux personnes âgées, qui peuvent être atteintes par ces maux.
Aller consulter en cas de symptômes inquiétants
Les épidémiologistes arrivés à Saint-Martin et Saint-Barthélemy sont aussi attentifs aux éventuelles maladies qui peuvent être transmises par les rats. « Comme la leptospirose, une maladie bactérienne qui est souvent bénigne, mais peut conduire à l’insuffisance rénale dans certains cas », explique l’entourage d’Agnès Buzyn.
Face à ces risques, le message de tous les professionnels de santé est le même : « En cas de diarrhée, de fièvre et de vomissements, il ne faut pas tergiverser et tout de suite aller consulter », indique Christopher Mambula. Les sinistrés peuvent entre autres s’adresser aux hôpitaux de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, qui sont de nouveau opérationnels. Mais aussi au centre de soins sous tente qui vient d’être installé à Marigot (Saint-Martin) pour les victimes d’Irma.