«Zéro alcool pendant la grossesse»: la campagne du ministère de la Santé entre nécessité et culpabilisation
VOUS TEMOIGNEZ•La campagne « Zéro alcool pendant la grossesse » divise les internautes de 20 Minutes…D. D.
L'essentiel
- A l’occasion de la journée internationale de prévention de l’ensemble des troubles causés par l’alcoolisation fœtale, Santé publique France lance une campagne « zéro alcool pendant la grossesse ».
- Appelés à témoigner, les internautes lecteurs de 20 Minutes estiment majoritairement que cette campagne est bienvenue.
- Mais certains pointent l’effet culpabilisant d’une telle injonction.
Les 8 et 9 septembre s’est déroulée la première édition du Safthon, un événement destiné à faire prendre conscience des troubles causés par l’ alcoolisation fœtale. Un bébé shooté, une injonction à destination exclusive des femmes : la campagne d’affichage mise en place pour l’occasion n’a pas laissé les internautes indifférents.
On sait en général qu’alcool et grossesse ne font pas bon ménage. Mais à partir de quelle quantité de boisson faut-il s’inquiéter ? Doit-on être totalement abstinent ? Les alcools sont-ils tous aussi dangereux ? 20 Minutes vous avait éclairé sur le sujet. Sur Facebook, nos lecteurs ont été appelés à partager leurs expériences et à donner leur avis. Ils trouvent en majorité normal et bienvenu de sensibiliser sur une consommation zéro alcool pendant la grossesse.
Mieux vaut trop de prévention que pas assez
« Faire un enfant ça se prépare », « Il faut faire des sacrifices », ou encore « J’en ai marre des mères qui pensent qu’un verre par ici, un verre par là, cela ne fait pas de mal ! » : c’est le ton de la majorité des réactions à notre appel à témoigner sur Facebook. Pour ces internautes, parfois parents, c’est clair : être enceinte = pas d’alcool, un point c’est tout. « Quand on va devenir maman, on se comporte en tant que telle et on évite l’alcool pendant neuf mois », résume Jamie*. Le sentiment que, même si cela semble un conseil de base, il faut continuer de le rabâcher, encore et encore.
Une campagne d’affichage qui culpabilise les femmes et les prive une nouvelle fois d’être totalement maîtresses de leur corps ? « Ce n’est pas culpabilisant du tout. Ce n’est pas compliqué de se passer d’alcool pendant neuf mois surtout quand on connaît les ravages que ça fait sur le fœtus. Etre maman ça commence là aussi », renvoie Marie* d’un revers de la main. « Donc si on informe les gens on les culpabilise ??? Non… on les informe. Après, il ne faut pas être très malin pour ne pas penser que si maman a bu, bébé aura du sang avec de l’alcool… vu que maman et bébé partagent le même sang », pense cet autre internaute. « Non ce n’est pas inutilement culpabilisant on en voit plein de femmes qui continuent tabac et alcool sans aucun scrupule. », explique quant à lui Olivier*. Avant de faire ce parallèle : « C’est comme expliquer que sans capote on peut avoir des maladies, il faut continuer à rabâcher ».
Une ribambelle d’acquiescements donc, preuve que l’absence de consommation d’alcool pendant la grossesse est entrée dans les mœurs. « C’est une bonne initiative, on ne fera jamais trop de prévention pour l’alcool pendant la grossesse, ce n’est en rien culpabilisant, c’est simplement pour la santé du bébé. Avant d’être enceinte, je buvais un petit peu de temps en temps et depuis, c’est zéro, pas une goutte, on m’en a même proposé plusieurs fois, j’ai toujours dit non. Je préfère penser à la santé de mon bébé d’abord », témoigne une femme enceinte de cinq mois.
Pour résumer l’état d’esprit général, Martine* a trouvé les mots : « Quand on est enceinte il y a toujours un risque que notre bébé ne soit pas en bonne santé. Alors pourquoi prendre un risque supplémentaire avec l’alcool et la clope ? ».
Accompagner plutôt que culpabiliser
Mais cette campagne est quand même vue comme culpabilisante par certains de nos lecteurs. « Ces campagnes publicitaires font culpabiliser je trouve, car elles disent que la moindre goutte d’alcool fait de la mère une irresponsable… Or, c’est faux ! Les cas de malformations sont le fait de la consommation d’alcool en quantité combinée à une hérédité particulière ! », s’indigne et croit savoir Michèle*. « Je pense qu’il serait préférable de les accompagner plutôt que de les culpabiliser : on obtiendrait de meilleurs résultats ! », renchérit une jeune femme enceinte. Une culpabilisation qui ne s’arrête aux campagnes à destination exclusive des femmes, mais s’entretient par les réactions des uns et des autres.
Comme cet internaute : « Être maman c’est être responsable. Pas d’alcool, pas de tabac, une hygiène de vie irréprochable sinon on ne fait pas de gosses », dont l’intransigeance peut avoir un effet délétère sur les femmes enceintes. « On n’en peut plus de ce discours sanitaire qui choisit de terroriser les femmes plutôt que de les informer » expliquait l’Obs dans son article consacré au sujet. C’est l’injonction « zéro alcool » qui semble choquer, comme un ordre donné un gamin. On peut aussi approuver le message de prévention dans sa forme mais ne pas en comprendre l’opportunité. C’est le sens de plusieurs commentaires. « Je trouve ça sans intérêt, tout le monde sait qu’il ne faut pas boire pendant la grossesse, celles qui le font c’est par choix, si elles ne peuvent s’en passer, les médecins sont là pour ça et le voient. ».
* Les prénoms ont été modifiés