VIDEO. Ouragan Irma: «Un phénomène d'une extrême violence»
INTERVIEW•La Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy se préparent à l’arrivée du cyclone Irma, qui est classé ce mardi en catégorie 4 (sur 5)…Propos recueillis par Anne-Laëtitia Béraud
L'essentiel
- Le cyclone Irma va frapper dans la nuit de mardi à mercredi les îles Saint-Barthélemy, Saint-Martin et la Guadeloupe.
- Ce cyclone est passé ce mardi après-midi en catégorie 5.
- Pour Emmanuel Demaël, prévisionniste à Météo France, les précipitations devraient toutefois durer moins longtemps que celles enregistrées au Texas lors du passage de la tempête Harvey.
Prudence dans les Antilles, notamment à Saint-Barthélemy, Saint-Martin et en Guadeloupe à l’approche de l’ouragan Irma. Ce cyclone qui est passé ce mardi après-midi en catégorie 5 va frapper les îles dans la nuit de mardi à mercredi, avant une amélioration attendue au cours de la journée de jeudi. Emmanuel Demaël, prévisionniste à Météo France, explique à 20 Minutes les spécificités de cet ouragan majeur qui va balayer l’arc antillais…
Comment qualifier cet ouragan Irma ?
C’est le phénomène le plus intense mesuré depuis l'après-guerre à cette longitude, à l'est de 60 degrés ouest [dans l’arc antillais]. Le cyclone Irma est un cyclone majeur, un phénomène d'extrême violence passé cet après-midi en catégorie 5. Irma a certaines ressemblances avec Luis, un cyclone de catégorie 4 qui est passé entre le 5 et le 7 septembre 1995 dans les Antilles.
Est-ce que le cyclone Irma ressemble à la tempête tropicale Harvey, qui a notamment dévasté Houston au Texas il y a dix jours ?
Il y a des similitudes, tant dans la structure symétrique du phénomène que l’œil du cyclone qui est bien formé. Il y a les mêmes phénomènes associés comme les très forts vents, les pluies diluviennes, ou le phénomène de vagues submersions. Il y a ensuite des différences : Irma est un ouragan majeur, alors qu’Harvey est passé en moins de 24 heures en tempête tropicale. Mais, fait historique atypique, il y a eu un phénomène stationnaire avec Harvey, avec une sorte de blocage empêchant la circulation de cet ouragan. Harvey est resté près de la côte, il s’est parfois régénéré en mer, et les très forts orages sont devenus récurrents dans la même zone.
La Guadeloupe ou Saint Barthélemy devraient recevoir moins de précipitations qu’à Houston ?
Le cumul des précipitations va être très important mais cela durera moins longtemps qu’à Houston. A Saint Barthélemy et Saint Martin, il est attendu entre 200 et 300 millimètres de précipitations alors qu’il est tombé à Houston entre 1.000 et parfois 1.300 millimètres. En Guadeloupe, il est attendu entre 50 et 150 millimètres dans les prochaines 36 à 48 heures. Par ailleurs, on peut aujourd’hui s’attendre à des vents à plus de 230 kilomètres heures, avec des rafales à 280 kilomètres vers Saint Barthélemy et le nord de Saint Martin. Rappelons qu’au-delà de 200 kilomètres heures, on est dans des vents destructeurs. Et à propos des vagues, on relève des creux en mer de 8 à 10 mètres. Il peut y avoir des phénomènes de submersion. Les conseils de prudence s’imposent donc, avec une mise à l’abri et hors d’eau des individus, des stockages, des chantiers.
A quelle date une amélioration est-elle attendue dans cette zone ?
Elle est attendue au cours de la journée de jeudi, même s’il y aura encore des averses parfois fortes dans le sillage de l’ouragan.
Quand prend fin la saison des ouragans ?
En novembre.
Y a-t-il une recrudescence de ces phénomènes liés à la hausse globale des températures ?
C’est une question délicate, car s’il y a des idées émises, il y a besoin d’études, nourries par les statistiques et les observations que nous faisons. Ce que l’on peut dire, c’est que la hausse des températures des mers n’entraîne pas forcément plus de cyclones, mais les phénomènes les plus intenses deviennent encore plus forts. Ensuite, l’étendue géographique de ces ouragans pourrait s’élargir au nord. Sur la côte est des Etats-Unis, ils pourraient ainsi remonter plus au nord qu’actuellement. Des travaux sont toujours en cours.