Au programme des fêtes et festivals, musique, bonne ambiance et… agressions sexuelles
JUSTICE•La France peine à prévenir les agressions sexistes et sexuelles lors des rassemblements populaires de l’été…V.V.
L'essentiel
- Cette année, les fêtes de Bayonne ont créé un stand pour accueillir les victimes d’agressions sexuelles
- Le phénomène semble toucher chaque rassemblement populaire
- Les organisateurs ont dû mal à prendre en compte cette problématique
Leur stand n’est pas vraiment au cœur de la fête. Mais les militantes comptent bien « aller vers le public » pour faire passer leur message de prévention et, surtout, venir en aide aux éventuelles femmes en détresse. Pour la première fois, des associations épaulées par la municipalité ont ouvert, jeudi, une cellule temporaire pour accueillir les victimes d’agressions sexistes et sexuelles lors des fêtes de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).
« L’an dernier, il y a eu deux cas d’agressions sexuelles dont un viol. Mais on sait que ces chiffres sont en deçà de la réalité, confie Sandrine Hackman, directrice du Planning familial de Pau. On constate que les filles doivent développer des stratégies en permanence pour éviter de se retrouver en difficulté. »
En Allemagne, dix-huit plaintes après un concert gratuit
Fêtes populaires, festivals de musique… A chaque rassemblement, l’alcool aidant, certains hommes profitent de l’anonymat relatif qu’offre la foule pour commettre des gestes que le Code pénal punit de cinq (agression sexuelle) à quinze ans de prison (viol). Un phénomène qui ne se limite pas à Bayonne, ni même à la France.
Ainsi, fin mai à Darmstadt (Allemagne), dix-huit femmes ont déposé plainte pour agression sexuelle à l’issue d’un concert gratuit. En France, il n’existe aucune statistique officielle permettant de quantifier le phénomène. Mais un tour sur Twitter permet de se rendre compte que l’Hexagone n’est pas épargné.
aLa médiatisation plus importante que le phénomène
Contacté à plusieurs reprises cette semaine par 20 Minutes, la direction de Live Nation qui organise, entre autres, le festival du Main Square à Arras (Pas-de-Calais) n’a pas souhaité répondre à nos questions. De quoi illustrer la légèreté avec laquelle ce genre de sujet est traité par certains organisateurs de festivals en France.
Autre exemple avec l’un des porte-parole du Download Festival, qui s’est tenu début juin en région parisienne. « Nous n’avons pas mis en place des mesures particulières de prévention. Il y a des efforts à faire, c’est sûr. Mais la médiatisation sur ce sujet a vraiment commencé après notre festival… »
Des flyers expliquant qu’une main aux fesses, ce n’est pas bien
L’Autriche, elle, n’a pas attendu. En décembre dernier, en prévision des festivités du Nouvel An, les autorités ont distribué 6.000 alarmes de poche permettant aux femmes d’émettre un son strident en cas de danger.
Après avoir recensé quatre cas de viol et 23 d’agressions sexuelles, début juillet, les organisateurs du festival Bravalla (Suède) ont, eux, carrément annoncé qu’il n’y aurait pas d’édition 2018. Découvrant cette décision, une actrice suédoise, Emma Knyckare, a proposé d’organiser à la place un festival « uniquement réservé aux femmes ».
aTraduction : « Que diriez-vous d’organiser un festival dont les hommes seront exclus jusqu’à ce qu’ils comprennent comment se comporter ? »
« Ce n’est pas une solution, tranche Sandrine Hackman, du Planning familial. Il faut plutôt réfléchir à des moyens de pouvoir faire la fête ensemble. Et donc conscientiser, petit à petit, les hommes à ce problème. » Quitte, puisqu’il le faut, à leur distribuer des flyers montrant qu’une main aux fesses, ce n’est vraiment pas bien…