Après la «charge mentale», la dessinatrice Emma s'attaque à «l'attente» après le travail
SOCIETE•Préparer le repas, le bain, mettre les enfants au lit, pendant que son conjoint (sa conjointe) est encore au bureau...C. Ape.
Emma, l’auteure de la bande dessinée sur la charge mentale devenue virale, a encore croqué. L’ingénieure a repris ses crayons et dévoilé mardi le premier volet d’une nouvelle planche baptisée L’attente.
« Quand on rentre du travail, […] une deuxième journée commence »
Elle y dénonce ce qu’elle décrit auprès de l’Obs comme étant la « clé de voûte de l’histoire, le moment le plus pénible de la journée ». Ce moment où le parent (dans cette planche, une maman) a récupéré son enfant à la crèche/l’école/chez la nounou et s’en occupe jusqu’au moment du coucher.
« Quand on rentre du travail, on se poserait bien, mais une deuxième journée commence. On doit préparer le repas, le bain, mettre les enfants au lit, pendant que le père est toujours au travail. Ces moments pourraient être super mais ils se transforment en calvaire », explique-t-elle.
« La culture française du présentéisme »
Adieu donc spontanéité, apéros entre collègues et autres séance de cinéma de dernière minute. « J’ai fait cette BD parce que la précédente sur la charge mentale ne tenait pas compte d’une chose importante : le temps de travail », dit-elle au HuffPost.
S’inspirant une nouvelle fois de sa propre vie et de celles de ses amies, la dessinatrice avance que dans les couples hétérosexuels, c’est bien souvent la femme qui attend le retour de son compagnon. Une attente « propre à la culture française du présentéisme ».
Analyser le présentéisme au travail
Comment l’expliquer ? Le travail de l’homme serait plus valorisé que celui de sa compagne, analyse la dessinatrice. De ce constat né sa volonté d’analyser le présentéisme au travail. Elle entend analyser le phénomène en deux volets ; l’un, sous un angle familial, l’autre, sous un angle professionnel. Le second sera dévoilé en septembre.
Dans ce premier volet, elle explique qu’il serait donc demandé aux salariés de sacrifier leur temps personnel et donc familial au bénéfice de leur employeur pour témoigner de leur valeur. Le temps passé entre les murs de l’entreprise apparaît donc plus valorisable et valorisé que le temps passé à effectuer les tâches demandées. Un présentéisme qui permet toutefois d’avoir des possibilités professionnelles et financières, note Emma.
« Une tendance influencée par une société sexiste où on prône la culture du travail »
« Ce n’est pas inscrit dans nos gènes. Cette attente est une tendance influencée par une société sexiste où on prône la culture du travail. De plus en plus de personnes tentent d’y échapper mais les clichés sont difficiles à briser », dit-elle encore à l’Obs.
Comment ne pas quitter son poste à 18 heures sans que cela passe pour un abandon de poste, être qualifié de tire-au-flanc ? En luttant contre le présentéisme et remettre le temps personnel et familial au sommet de l’échelle des valeurs.