VIDEO. Tentative d'attentat sur les Champs-Elysées: Pourquoi Adam D., fiché «S», possédait un permis de détention d'armes
TERRORISME•L’individu de 31 ans qui a percuté, lundi, un fourgon de gendarmerie sur les Champs-Elysées, possédait un permis de détention d’arme depuis 2011…Thibaut Chevillard
L'essentiel
- L’individu qui a percuté lundi un fourgon de gendarmerie sur les Champs-Elysées détenait légalement neuf armes.
- Il avait obtenu un permis en 2011 car il pratiquait le tir sportif.
Adam D. avait semble-t-il un intérêt marqué pour les armes à feu. Fiché « S » depuis 2015, l’homme âgé de 31 ans, qui a percuté, lundi après-midi, un fourgon de gendarmerie sur les Champs-Elysées, pratiquait le tir sportif assidûment depuis six ans et possédait un permis de détention d’armes valable jusqu’en 2020.
Il détenait, selon l’AFP, neuf armes, connues des autorités. Trois d’entre elles, de catégorie B, étaient soumises à autorisation - deux pistolets Sig-Sauer 9mm et Glock 9mm et un fusil de type kalachnikov. Les six autres, de catégorie C, étaient soumises à déclaration.
Une première demande sans « aucun antécédent judiciaire »
Pour détenir des armes, il est nécessaire d’obtenir une autorisation préfectorale. Elle peut être accordée à toute personne désirant comme lui faire du tir sportif à condition qu’elle n’a jamais été condamnée par la justice ni été admise « en soins psychiatriques sans consentement ». Quand il en a fait la demande pour la première fois, en 2011, Adam D. n’avait « aucun antécédent judiciaire », a indiqué le Premier ministre, mardi matin, sur BFM TV, soulignant qu’il n’y avait donc aucune raison de ne pas lui « autoriser la détention d’armes ».
En novembre 2016, Adam D. a effectué une demande de renouvellement de son permis. Sa radicalisation avait été signalée aux autorités quelques mois auparavant. Mais les agents qui instruisent les dossiers en préfecture n’ont pas accès au FPR, le fichier des personnes recherchées, dans lequel sont consignées les fiches « S ». « Si on avait la possibilité de croiser les fichiers administratifs et judiciaires, on aurait des clignotants qui s’allumeraient sur certains individus et on pourrait mieux savoir qu’ils sont, ce qu’ils font et ce qu’ils projettent », explique à 20 Minutes Bertrand Soubelet, ancien numéro 3 de la gendarmerie et candidat malheureux aux dernières élections législatives.
Un texte présenté en mai dernier
Edouard Philippe juge également insatisfaisant que « quelqu’un qui fait l’objet d’un signalement puisse continuer à bénéficier » d’une autorisation de détention d’armes. « Nous avons présenté à la fin du mois de mai, avant ces événements, un texte au Conseil d’Etat qui permet aux agents de préfectures qui sont compétents pour examiner les demandes, de consulter les éléments et notamment relatifs au signalement. C’est une avancée », a-t-il indiqué ce mardi.
Toutefois, une source au ministère de l’Intérieur explique au Parisien qu’en « pratique, cette recherche est bien effectuée : elle est déléguée aux services de police et de gendarmerie locaux ». Ainsi, fin 2016, dans le cadre de sa demande de renouvellement, la préfecture de l’Essonne avait sollicité la gendarmerie pour mener une enquête administrative comme le prévoit la procédure. « Deux gendarmes, un chef de brigade et son adjoint, sont venus se renseigner sur cet individu, demander qu’il était », a raconté lundi soir, sur BFMTV, le président de la Fédération sportive de tir, Philippe Crochard. Une source, interrogée par l’AFP, indique que les gendarmes s’étaient alors rapprochés de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) en raison de la fiche « S » dont il faisait l’objet depuis qu’il avait effectué plusieurs voyages en Turquie.
Ne pas attirer son attention alors qu’Adam D. était sous surveillance
La DGSI avait alors estimé qu’il n’était pas « opportun » de lui retirer ce permis. Ainsi, dans le procès-verbal envoyé à la préfecture, les gendarmes ont indiqué qu’il n’y avait pas suffisamment d’éléments concrets pour confirmer ou infirmer le renouvellement de la détention d’armes. Et la préfecture a renouvelé en 2017 l’autorisation de détention. Une autre source confie à l’AFP que si on lui avait opposé « un refus de renouvellement, alors qu’il était inconnu de la justice, cela allait attirer son attention alors qu’il était sous surveillance ».