Pédophilie dans l'Eglise: L'ancien évêque d'Orléans mis en examen pour non dénonciation d'attouchements sexuels
JUSTICE•Il était déjà cité comme témoin assisté dans le cadre de l’instruction…L.Gam. avec AFP
De témoin assisté à mis en examen. Mgr André Fort, dix ans après avoir été informé par une victime présumée d’attouchements sexuels de la part d’un prêtre de son diocèse, a été mis en examen jeudi pour n’avoir pas dénoncé les faits à la justice.
En poste de 2002 à 2010, l’ex-évêque d’Orléans était cité comme témoin assisté dans le cadre de l’instruction ouverte contre l’abbé Pierre de Castelet, mis en examen en 2012 après un signalement par l’actuel évêque d’Orléans, Mgr Jacques Blaquart.
Premières dénonciations en 2008
Une des victimes présumées, Olivier Savignac avait été le premier à dénoncer les faits en 2008 auprès de l’évêché dans un courrier où il faisait état d’attouchements qu’il dit avoir subis en 1993 lors d’un camp dans le sud-ouest de la France du Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ) où officiait l’abbé de Castelet en tant qu’aumônier.
Sans réponse de l’évêché, il demandait audience deux ans plus tard à Mgr Fort et lui donnait des détails et lui précisait qu’une dizaine de jeunes avaient pu être victimes de l’aumônier du MEJ. « André Fort m’a reçu dans son bureau en 2010 à Orléans. Il m’a promis de prendre des mesures, mais un an après l’abbé était toujours là. Je me suis même aperçu qu’il donnait des conférences sur la pédophilie dans l’Église. Là on s’est sentis trahis », a déclaré Olivier Savignac en octobre dernier au micro de France Bleu Orléans.
Il saisit alors à nouveau l’évêché, où Mgr Blaquart avait pris la succession de Mgr Fort, parti à la retraite. Dès lors, tout va très vite : le nouvel évêque saisit aussitôt le parquet et une instruction est ouverte. En 2012, l’abbé de Castelet est mis en examen.
La lutte contre les abus sexuels dans l’Eglise, un chantier en cours
Il s’agit du premier évêque mis en examen pour non-dénonciation d’actes pédophiles depuis Mgr Pierre Pican, évêque émérite de Bayeux. Ce dernier avait été condamné en 2001 à trois mois d’emprisonnement avec sursis pour non-dénonciation des faits de pédophilie commis par un prêtre de son diocèse de Bayeux, l’abbé René Bissey, auquel la cour d’assises du Calvados avait infligé 18 ans de réclusion en octobre 2000.
Cette affaire avait conduit la Conférence des évêques de France à engager un chantier de lutte contre les abus sexuels dans l’Eglise, relancé en 2016 après de nouvelles accusations, notamment dans le diocèse de Lyon gouverné par le cardinal Philippe Barbarin.