RESEAUX SOCIAUX«Ribcage Bragging»: Le retour de la maigreur sur Instagram?

«Ribcage Bragging»: Le retour de la maigreur sur Instagram?

RESEAUX SOCIAUXSur Instagram, des mannequins et people ont adopté dernièrement la tendance #ribcagebragging, qui consiste à poser avec les cotes saillantes…
Marie Lombard

Marie Lombard

Les côtes ont la cote. On le sait, les réseaux sociaux sont un terrain fertile pour le lancement de tendances. Parmi ces dernières, on citera dans le désordrela « Bambi pose », les piercings d’ongles, les sourcils plumes ou encore le « glitter booty ». Sur Instagram, ce sont les modeuses, mannequins et autres stars de la génération Y qui mènent la danse.

Poser en faisant largement ressortir ses côtes

Des top modèles parmi les plus tendances, tels que Bella Hadid, Emily Ratajkowski ou encore Kendall Jenner, ont pris le parti depuis quelques semaines de poser en faisant largement ressortir leurs côtes. Le phénomène, appelé Ribcage Braggings (« être fière de montrer ses côtes ») a vite fait boule de neige chez les people comme Kourtney Kardashian ou Rita Ora, puis chez les blogueuses et autre instagrameuses qui suivent rigoureusement les tendances sur les réseaux sociaux. S’il n’est pas encore devenu la norme, le phénomène est si tenace que l’on se demande si les os ne seraient pas (à nouveau) l’accessoire fashion à exhiber.

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Pour Frédéric Godart, sociologue et auteur de Penser la mode, ce mouvement s’explique par le fait que « tout ce qui a une dimension esthétique est soumis aux aléas et cycles de la mode ». Le corps n’y faisant pas exception. Ainsi « le type de corps privilégié [sa corpulence] varie en fonction des époques (…) et chaque changement de mode génère des réactions de la part de ceux qui préféraient l’ordre ancien ».

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« C’est la diversité des corps qui est (officiellement) mise en avant »

La mode des côtes saillantes sur Instagram symbolise donc selon lui « une réaction de certains mannequins à un renversement de tendance récent dans la mode qui a vu s’imposer des tailles plus grandes. » En clair, face à la popularité des poignées d’amour, les tailles 34 rappellent leur existence.

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Car si depuis les années 1960 la minceur a été privilégiée dans les défilés, les années 2010 ont été celles de la diversification des silhouettes. La scène fashion a ainsi assisté dernièrement à la percée de mannequins « grandes tailles » tels que Tara Lynn, Ashley Graham et Jennie Runk et à l’ascension de stars aux formes généreuses comme Kim Kardashian, Adele et Beth Dito.

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Le mouvement #ribcagebragging ne propose donc « pas un point de vue absolutiste [une promotion de la minceur ou de la maigreur] mais relatif » selon Frédéric Godart. « C’est la diversité des corps qui est (officiellement) mise en avant, avec l’idée que l’on peut être fière de sa minceur comme l’on peut être fière de ses rondeurs (…), il ne s’agit donc probablement pas d’un retour de la maigreur comme idéal de beauté, mais comme un chant du cygne d’une tendance qui tend à disparaître ».

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Regain de la polémique autour de l’anorexie

Si la tendance serait vouée à disparaître, elle a suffi à faire ressurgir un débat autour de la maigreur des mannequins datant des années 2000, alors qu’aucune restriction (ou presque) ne venait limiter l’anorexie sur les podiums. Des mannequins commeIsabelle Caro avait alors interpellé l’opinion publique sur le sujet, tandis que d’autres comme Ana Caroline Reston et Luisel Ramos succombaient de leur anorexie mentale.

Face au choc provoqué par ces décès, certains pays dont la France ont pris des dispositions pour lutter contre la dramatique perte de poids des mannequins. Ainsi a été votée la Loi Mannequin de 2016, qui oblige les mannequins à fournir un certificat médical d’aptitude physique avant de défiler et contraint les marques à préciser si une photo est retouchée ou nom.

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Aujourd’hui, les spécialistes s’écharpent sur les conséquences de la tendance du « ribcage bragging » sur les jeunes filles. Alors que certains médecins, comme Vincent Dodin, chef de service de psychiatrie à l’hôpital Saint Vincent de Paul de Lille interrogé par BFM TV, considèrent que les jeunes filles peuvent s’identifier à ces images et tomber dans l’anorexie, d’autres minorent l’influence des mannequins sur les adolescentes.

Ainsi, le directeur du centre de lutte contre les troubles du comportement alimentaires SOS Anor Alain Meunier affirme « n’avoir jamais rencontré une jeune fille étant tombée dans l’anorexie à cause d’une image de mannequin ». Le débat autour du « ribcage bragging » n’en est qu’à ses débuts.