Meurtres de Montigny-lès-Metz: Le gendarme qui est entré «dans la tête de Heaulme» attendu à la barre
PROCES•Jean-François Abgrall est le gendarme qui a fait le lien entre le « Routard du crime » et le double meurtre de Montigny-lès-Metz pour lequel il est jugé depuis le 25 avril…Vincent Vanthighem
L'essentiel
- Francis Heaulme est jugé pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz.
- Il encourt une nouvelle peine de prison à perpétuité.
- Le gendarme qui l’a arrêté doit venir témoigner, ce mardi.
A la cour d’assises de la Moselle,
« Heaulme, c’est quand on lui en demande le moins qu’il en dit le plus… » L’ancien gendarme Jean-François Abgrall est attendu, ce mardi après-midi, à la barre de la cour d’assises de Moselle, à Metz, pour détailler comment il est parvenu à décrypter le parcours criminel de Francis Heaulme.
Déjà condamné pour neuf meurtres, dont deux fois à la prison à perpétuité, le « Routard du crime » est jugé, depuis le 25 avril, pour le double meurtre de Cyril Beining et d’Alexandre Beckrich, deux enfants de 8 ans de Montigny-lès-Metz retrouvés le crâne fracassé sur une voie SNCF désaffectée, un dimanche de septembre 1986.
Quand Francis Heaulme parle de ses « pépins »
Jean-François Abgrall a mis quasiment dix ans à faire le lien entre le tueur et cette affaire sordide. Un lien qui vaut aujourd’hui à Francis Heaulme de comparaître dans le box des accusés. Leur première rencontre remonte à 1989. Bien loin de Montigny-lès-Metz, le gendarme enquête alors sur le meurtre d’Aline Pérès, une aide-soignante retrouvée poignardée sur une plage de Brest (Finistère). Jean-François Abgrall insiste et Heaulme finit par reconnaître les faits.
Au passage, le gendarme se rend compte que le tueur a sillonné la France et se demande s’il n’a pas commis d’autres crimes. Il multiplie alors les visites en prison auprès de Heaulme afin de réussir à le cerner. « Il a un mode de fonctionnement très particulier, décrivait Jean-François Abgrall dans une interview à 20 Minutes en 2014, à l’occasion du procès avorté de l’affaire de Montigny. Il commence par parler de "pépins" qu’il a eus durant sa vie. A chaque fois, il se présente comme s’il avait été le spectateur des faits. »
Dils condamné, l’affaire a disparu des archives…
Rapidement, l’enquêteur acquiert la conviction que ce que le tueur appelle des « pépins » sont en réalité des meurtres. Aussi quand il lui parle d’un « pépin » qu’il a eu avec deux « gamins » lui jetant des pierres le long d’une voie ferrée dans l’est de la France, Jean-François Abgrall se demande s’il ne tient pas une nouvelle affaire.
Nous sommes alors en 1997. Mais ses recherches dans les archives ne donnent rien. Et pour cause, le double meurtre de Montigny-lès-Metz a été effacé des registres depuis la condamnation à perpétuité de Patrick Dils en 1989. C’est l’avocate de ce dernier qui, persuadée de l’innocence de son client, relance Jean-François Abgrall, au début des années 2000. « Elle cherchait de nouvelles pistes. Elle m’a alors demandé si Francis Heaulme avait parlé d’une affaire dans l’est de la France, raconte encore l’enquêteur. Et là, ça a fait "tilt" tout de suite. »
Patrick Dils est finalement innocenté. Le dossier judiciaire de Montigny, rouvert. Les charges s’accumulent contre Heaulme. Mais il faut quinze ans de plus pour aboutir au procès actuel pour lequel il encourt une nouvelle peine de réclusion à perpétuité. Ce mardi, Jean-François Abgrall va donc venir raconter les confidences que le tueur lui a faites sur le double meurtre de Montigny. Celui-ci a toujours nié les faits, reconnaissant simplement avoir été présent sur les lieux, le jour du drame. « Il est impliqué dans cette affaire, pense Jean-François Abgrall. Il n’y a pas de doute. »
Suivez l’audience de ce mardi sur le compte Twitter de notre journaliste : @vvantighem