Double meurtre de Montigny-lès-Metz: Francis Heaulme a «un cœur, pas une pierre!», assure sa soeur
PROCES•Christine, la sœur cadette du tueur en série jugé pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz, est venue prendre sa défense à la barre, ce jeudi…Vincent Vantighem
L'essentiel
- Le procès de Francis Heaulme s’est ouvert, à Metz, ce mardi.
- Il doit faire la lumière sur le double meurtre de Montigny-lès-Metz.
- Deux enfants de 8 ans ont été tués sur un talus SNCF, en 1986.
A la cour d’assises de la Moselle
On peut avoir tué neuf personnes à mains nues, à l’opinel ou au tournevis. Être affublé du sobriquet de « routard du crime ». Et pleurer à chaudes larmes. Francis Heaulme l’a montré, ce jeudi matin, à la cour d’assises de la Moselle, quand il a aperçu sa sœur, Christine, à travers la vitre du box où il comparaît pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz, en 1986.
Sèche comme son frère, cette femme de 52 ans, « divorcée » et « mère de quatre enfants », n’en est pas à son premier passage devant les assises. Mais elle n’a toujours pas compris qu’elle n’a pas le droit de s’adresser directement à son accusé de frère. « Francis, je serai toujours là pour toi. Tu es dans un tunnel noir. Mais tu vas bientôt voir la lumière. Est-ce que c’est toi qui a tué [les enfants] ? », l’alpague-t-elle. « Non… », crie-t-il, en pleurs, avant que le président de la cour n’interrompe l’échange.
Pneus crevés et « pute » sur le pare-brise
Christine est plus qu’une sœur pour Francis. C’est la seule personne qui « fait le chemin depuis vingt-cinq ans pour lui rendre visite en prison ». Celle qui efface les inscriptions « pute » retrouvées sur le pare-brise de la voiture. Qui répare les « quatre pneus crevés » en guise de « représailles ». Pour une seule et unique raison : « Francis a un cœur, par une pierre ! »
Une drôle d’image choisie alors que son frère est aujourd’hui accusé d’avoir massacré deux enfants de 8 ans, à coups de pierres sur le talus d’une voie désaffectée de la SNCF. Elle aussi aimerait bien connaître la vérité de cette affaire qui « lui mélange beaucoup la tête » depuis plus de trente ans.
« Il lui a mis une gifle et elle est morte »
Il faut dire qu’elle culpabilise. Après la mort de leur mère, Christine a le sentiment d’avoir abandonné Francis « pour un homme dont [elle] était amoureuse ». Si elle ne l’avait pas rencontré, elle en est sûre : Francis ne serait pas dans cette cour d’assises. « Je m’en veux, lâche-t-elle. Après ça, il est devenu vagabond. »
Et il a commencé son errance macabre sur les routes de France. Une seule fois, il lui a raconté. Un seul meurtre. Celui de Sylvie Rossi. « C’était une femme blonde. Elle était alcoolique. Enfin, ivre… Elle l’a pris en stop à Reims et a tenté de toucher Francis. Il lui a mis une gifle et elle est morte », raconte Christine à la cour. Gabriel Steffanus, le président, l’interrompt brutalement : « Il l’a tellement giflée que son visage était méconnaissable en réalité… »
A chacun sa vérité. Celle de Christine, femme de chambre de profession, ne changera sans doute pas maintenant. Elle ne changera même plus jamais. « On a dit que j’arrêterais d’aller le voir en prison si j’apprenais qu’il a tué les enfants, lâche-t-elle encore. C’est archifaux ! archifaux ! Il reste mon frère. » Un frère qui encourt une nouvelle peine de prison à perpétuité. Le verdict est attendu le 18 mai.