Double meurtre de Montigny-lès-Metz: «J’ai peu d’espoir que Francis Heaulme dise qu’il a tué Cyril»
INTERVIEW•Chantal Beining, la mère du petit Cyril tué à coups de pierre en 1986 à Montigny-lès-Metz, s’est confiée à « 20 Minutes » alors que s’ouvre le procès du tueur en série Francis Heaulme…Vincent Vanthighem
L'essentiel
- Francis Heaulme est jugé pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz.
- Le tueur en série comparaît plus de trente ans après les faits.
- Le verdict doit être rendu le jeudi 18 mai.
A Metz (Moselle),
Du stress et uniquement du stress. Chantal Beining se tourne les pouces et triture son pendentif en permanence. Elle a beau avoir « 73 ans trois quarts », la mère du petit Cyril appréhende toujours autant l’idée d’assister à un procès censé faire la lumière sur les circonstances du double meurtre de son fils et du petit Alexandre Beckrich, perpétré en 1986 à Montigny-lès-Metz (Moselle).
Sans doute parce que cela fait plus de trente ans que ça dure et qu’il s’agit du cinquième procès qu’elle va devoir « endurer ». Après Patrick Dils, après Henri Leclaire, c’est désormais le tueur en série Francis Heaulme qui est soupçonné d’avoir massacré à coups de pierre les deux enfants de huit ans sur le talus d’une voie SNCF désaffectée. Avant l’ouverture du procès qui va durer jusqu’au 18 mai, Chantal Beining s’est confiée à 20 Minutes…
Vous avez l’air angoissée à l’idée de cette nouvelle épreuve judiciaire…
Je suis un peu inquiète, oui. Il y a trois ans, on a commencé à juger Francis Heaulme. Et puis, on a tout arrêté à cause de nouveaux soupçons portant sur Henri Leclaire. Et finalement, aujourd’hui, on ne parle plus de Leclaire et on revient au point de départ en ne jugeant que Heaulme.
Je ne comprends pas pourquoi on a perdu trois ans. Cela fait cinq fois que je suis convoquée pour cette affaire. En 1989, il y a eu le premier procès Dils. En 2001, le second à Reims. Puis en 2002, le troisième à Lyon. Et donc celui de Heaulme en 2014…
Qu’est ce qui vous inquiète ?
Le plus dur, pour moi, c’est le rappel des faits. C’est vraiment dur à encaisser. Lors d’un procès, ils ont diffusé les images des corps des enfants fracassés sur le talus. Je n’étais pas préparée. Moi, je n’ai jamais pu voir le corps de mon fils. A l’époque, on me l’avait interdit. Alors, j’appréhende.
Espérez-vous tout de même connaître enfin la vérité ?
J’espère que la justice a travaillé depuis trois ans et le premier procès de Heaulme qui a été interrompu. J’attends une réponse définitive. J’attends de pouvoir au moins refermer le dossier judiciaire de la mort de Cyril.
Croyez-vous en la responsabilité de Francis Heaulme dans sa mort ?
Pendant quinze ans, au début, je ne me suis pas occupée de lui. Patrick Dils avait été condamné. Et puis un jour, on a commencé à parler de Heaulme. Je ne savais même qui c’était à l’époque. Maintenant, je ne sais plus quoi penser de toute cette affaire.
Les gamins ont été massacrés avec des pierres. Ce n’est pas la façon de tuer d’Heaulme. Lui, il utilise son opinel ou il étrangle les gens. Et puis, il n’a jamais reconnu les faits. C’est le seul d’ailleurs. Patrick Dils et Henri Leclaire ont, tous les deux, fait des aveux. Regardez où cela nous a menés… Alors aujourd’hui, on revient à Francis Heaulme… J’aimerais bien qu’il m’explique les choses. Qu’il dise si c’est lui qui a tué Cyril ? Et pourquoi celui-ci ne s’est pas enfui ? Mais j’ai peu d’espoir.
Trente ans après, vous n’êtes pas parvenue à faire votre deuil ?
Sans réponse, c’est impossible. Cyril aurait eu 39 ans cette année. Tous les jours, je pense à lui. J’ai une photo de lui dans mon salon. Alors, je lui parle, je lui demande de m’aider. Il rit sur cette photo. Et moi, je refais le film de la journée sans cesse.
Tous les dimanches, il allait chez sa grand-mère en bus. Mais ce dimanche-là, il a raté le bus, deux fois. Alors, il a décidé d’aller faire du vélo. Il était tellement dégourdi. Il allait chez l’orthophoniste tout seul. Il me cueillait des fleurs dans les jardins des voisins… Ce dimanche-là, il est rentré à un moment donné à la maison pour goûter parce qu’il avait faim. Il m’a dit ‘’Bibiche ! Fais-moi un casse-croûte. » Et il est reparti sur son vélo…
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