Attaque à Orly : « Je me suis mis à courir en criant "Ça tire, n’y allez pas !" »
TEMOIGNAGE•Un bagagiste d'Orly raconte ce qu'il a vécu samedi matin pendant l'attaque...Propos recueillis par Florence Floux
Ce samedi matin, il est 7h30 lorsque Lucien* prend sa pause, à l’aéroport d’Orly. Une demi-heure plus tard, il est témoin de l’attaque de Ziyed Belgacem, 39 ans, sur une militaire de la force Sentinelle. Il raconte ce qu’il a vécu pour 20 Minutes.
« Je suis agent de piste et bagagiste depuis un an et demi à l’aéroport d’Orly. Je commence tôt le matin. Ce samedi, j’ai pris une pause à 7h30. Après m’être assis une demi-heure dans une salle d’attente pour regarder un film sur mon téléphone mobile, je me suis dirigé vers le stand de boulangerie où je vais toujours acheter mon déjeuner. J’étais en chemin lorsque j’ai entendu des hommes crier " Bouge pas ! Bouge pas !" J’ai levé la tête et vu un individu qui essayait de s’emparer de l’arme d’une femme militaire. Ses collègues masculins tenaient l’homme en joue en lui hurlant de ne plus bouger mais le type continuait. La militaire est tombée au sol.
J’ai tout de suite fait demi-tour. Je venais de me retourner quand j’ai entendu des détonations. Là je me suis mis a courir en criant à tous les gens qui arrivaient en face de moi " Ca tire, n’y allez pas ! " On s’est tous mis à courir vers la sortie. J’ai croisé du personnel de l’aéroport que j’ai mis au courant de ce qu’il venait de se passer, même si je ne savais pas exactement ce qui se déroulait. J’ai aidé à faire évacuer les gens qui se trouvaient là. Il y a eu un mouvement de panique.
«Mon ami a tout vu»
J’ai essayé de faire le maximum pour aider les gens à quitter les lieux, en me disant " On ne sait jamais, peut-être que ce type n’est pas tout seul, qu’il a des complices ailleurs dans l’aéroport. " Arrivé dehors, j’ai tenté d’appeler mon ami, qui travaille au stand boulangerie devant lequel s’est déroulée toute la scène, mais son téléphone ne répondait pas. Il a fini par sortir une heure plus tard en me disant que tout s’était passé devant ses yeux. Il était très choqué. D’ailleurs il n’est pas venu travailler aujourd’hui, je pense qu’il va rester tranquille chez lui quelque temps.
Aujourd'hui, je vais bien. Je savais que quelque chose comme ça pouvait se passer. On a bien vu que les aéroports ou les gares sont ciblés par des gens qui cherchent à faire le plus de victimes possible. Je me suis toujours dit que tout pouvait arriver. Il faut se mettre ça dans la tête, on n’est jamais en sécurité nulle part. Il faut se préparer à toute éventualité. »
*Le prénom a été modifié