Les casseroles, stars du rassemblement contre la corruption à Paris
REPORTAGE•Plusieurs centaines de personnes se sont réunies contre la corruption dans l’est de Paris, pendant le rassemblement pro-Fillon au Trocadéro…Olivier Philippe-Viela
Malgré les giboulées de mars, la « contre-manifestation » anticorruption organisée ce dimanche place de la République à Paris n’a pas fait flop. Plusieurs centaines de personnes, « un millier » selon les organisateurs, se sont retrouvées dans l’est de la capitale en réaction au rassemblement de François Fillon et de ses partisans dans l’ouest, sur la place du Trocadéro.
« Certains souhaitaient se rendre au Troca, explique Alex Adarjan du mouvement Stop Corruption. Chacun est libre, mais nous sommes un mouvement pacifiste et nous ne souhaitons pas donner de motif aux partisans de ce candidat pour nous insulter voire nous agresser. » Son collectif avait déjà organisé trois rassemblements les 19, 25 et 26 février, attirant 200 à 300 personnes.
« Ils se servent de la justice comme d’un punching-ball »
Cette fois-ci, l’appel à la manifestation de l’essayiste Raphaël Glucksmann a permis de mobiliser un peu plus, en dépit de la pluie et de la grêle. Présent sur la place dès 15h, il explique à 20 Minutes que ce rassemblement ne vaut pas que pour François Fillon : « N’oublions pas Marine Le Pen. Ils se servent de la justice comme d’un punching-ball. Ce n’est pas un épiphénomène. À un moment, on ne peut qu’être choqué par cette volonté de délégitimer les institutions. Dans quel pays imaginerait-on une candidate dire "Je suis convoqué par la justice mais ça m’est égal ?" »
Stop Corruption, Glucksmann et Amaury Gaillard (qui a lancé l’appel sur Facebook) se sont reliés au micro pendant quelques minutes. « En tant que citoyen, on ne nous fait pas de cadeau. Pendant des années, nous avons été laxistes. Maintenant, réclamons justice pour les citoyens contre tous ces corrompus ! », a lancé une porte-parole de l’association. L’essayiste a embrayé : « Pas besoin d’être de gauche ou de droite, nous appelons tout le monde à nous rejoindre pour mettre la pression sur les responsables politiques. »
« .@rglucks1 prend la parole : "Nous nous rassemblons pour dire que nous défendons la justice" pic.twitter.com/qjPaVTKkvS — O. Philippe-Viela (@OlivierPV) 5 mars 2017 »
« Charge contre les liens entre Fillon et H. de Castries pic.twitter.com/k2jlxCcYLk — O. Philippe-Viela (@OlivierPV) 5 mars 2017 »
Les organisateurs ont ensuite laissé la place aux véritables stars de la journée place de la République : les casseroles. Amaury Gaillard avait demandé aux internautes de ne pas les oublier, il a été entendu : « Le principe du concert de casseroles est fédérateur », sourit-il.
« À vos casseroles, la corruption gangrène la société ! »
Sous les gouttes et les grêlons, la place a continué de se remplir après les discours pour faire retentir un vacarme synchronisé d’ustensiles de cuisine, du poêlon à la marmite.
« À vos casseroles, la corruption gangrène la société ! », s’époumone Christian, 56 ans, tempes grisonnantes et moustache affirmée, en maltraitant sa casserole à lui à coup de fouet (de cuisine). « On est où là, dans une république bananière ? ! », éructe quelques mètres plus loin une dame armée d’une spatule en bois qu’elle écrase frénétiquement sur sa petite casserole à sauce.
« C’est en train de tourner au concert ininterrompu de casseroles cette histoire pic.twitter.com/Kv44tvRTHq — O. Philippe-Viela (@OlivierPV) 5 mars 2017 »
« Clairement, les casseroles, c’est relou à la longue pic.twitter.com/kKjEXyFwmH — O. Philippe-Viela (@OlivierPV) 5 mars 2017 »
La manifestation se voulait apolitique, et on a effectivement croisé des sympathisants de droite agacés par les affaires. Mais l’ambiance a quand même été plus proche de l’esprit de Nuit debout, ce mouvement qui avait occupé la place de la République pendant quelques mois en 2016, et qui y tient toujours un stand chaque semaine.
Les organisateurs de cette manifestation, dont Stop Corruption, espèrent désormais rassembler tous les dimanches à 15h sur cette même place de la République pour que l’opération anticorruption prenne de l’ampleur.