Des féministes «souhaitent» la Saint-Valentin aux femmes tuées par leur compagnon
VIOLENCES CONJUGALES•Un collectif féministe a organisé un « happening », ce mardi matin à Paris, pour rendre hommage aux femmes victimes de leurs compagnons…Vincent Vanthighem
Tout un symbole. Les feuilles de papier portant les noms des femmes victimes de violences se sont envolées sur le boulevard du Palais (Paris, 1er). Un collectif féministe a ironiquement souhaité, ce mardi matin, une joyeuse fête de Saint-Valentin à toutes les femmes tuées par leurs compagnons ou ex-compagnons ces dernières années.
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Robes de soirées et escarpins dorés, les quelques militantes déguisées pour ce happening portaient surtout des traces de maquillage symbolisant les violences dont les femmes sont victimes. Ici des traces de coup sur une lèvre faussement rougie. Là un peu de blush sur un cou visiblement étranglé…
Amanda, elle, arborait un point rouge sur le front, représentant celles dont la vie s’est éteinte d’un coup d’arme à feu. « C’est notre moyen de mettre en lumières toutes les violences dont les femmes sont victimes tous les jours, détaille cette sympathisante de la cause féministe. Et surtout de dire qu’au regard de ces faits, la Saint-Valentin est une niaiserie… »
L’amour, cette arnaque…
A côté d’une fausse couronne mortuaire, Pauline Arrighi, ex-porte-parole d’Osez le féminisme, va plus loin. « Dans l’opinion, dans les médias, on présente toujours les féminicides comme des crimes passionnels avec cette tonalité presque romantique, détaille-t-elle. Mais non, ce n’est pas de l’amour. C’est une arnaque de nous faire croire qu’une femme meurt à cause de l’amour. Elle meurt à cause de la haine, de la violence… »
Et le choix du palais de justice pour cette petite manifestation ne doit rien au hasard. « Cette culture de banalisation de la mort de femmes imprègne toute la société mais aussi la justice, poursuit la militante. Par exemple, les magistrats proposent bien souvent une médiation entre une femme victime de violences et son compagnon. Ce n’est pas une médiation qu’il faut mais bien des poursuites judiciaires ! »
Dimanche dernier, une femme tuée par son mari en Bretagne
Les chiffres sont malheureusement là pour lui donner raison. En 2016, 119 femmes sont mortes à la suite de violences conjugales. « Et encore, il ne s’agit ici que des cas dont les médias se sont fait l’écho », poursuit Pauline Arrighi.
Rien que depuis le début d’année, au moins 15 femmes ont été tuées dans de pareilles circonstances. Dimanche soir encore, Gisèle, 53 ans, a été tuée d’un coup de fusil à Pleucadeuc (Morbihan) par son mari qui ne supportait pas la rupture et voulait reprendre la vie commune. En moyenne en France, une femme succombe tous les deux jours et demi sous les coups de son compagnon.
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