Conférence TED: Une victime de viol et son agresseur se retrouvent sur scène vingt ans après les faits
ETATS-UNIS•Le duo qui a également écrit un livre a évoqué la culture du viol et le sentiment de culpabilité...20 Minutes avec agence
En 1996, Tom Stranger, un étudiant australien de 18 ans en échange universitaire à Reykjavik (Islande), a violé Thordis Elva, l’adolescente de 16 ans avec qui il vivait à l’époque une histoire d’amour.
En octobre dernier, soit vingt ans plus tard, Tom et Thordis se sont retrouvés sur la scène d’une conférence TED consacrée aux femmes à San Francisco (Etats-Unis). Cet incroyable témoignage de 19 minutes intitulé : « Notre histoire de viol et de réconciliation » a été posté ce 7 février sur le site des conférences TED.
aOn y voit l’Islandaise et l’Australien se tenir à quelques centimètres l’un de l’autre et se confier sur cet épisode qui a transformé leur vie. Car depuis cette agression, Tom et Thordis se sont revus et ils ont même écrit ensemble un livre.
Garder en tête que les criminels sont des êtres humains
La jeune femme a fait le premier pas neuf ans après les faits en envoyant à l’Australien une lettre racontant les séquelles psychologiques dont elle souffrait. Le duo se donne alors rendez-vous en Afrique du Sud pour échanger sur leurs états d’esprits respectifs. C'est là qu'ils décideront d’écrire ensemble ce livre racontant « le genre d’histoire que nous aurions aimé entendre lorsque nous étions plus jeunes », a expliqué sur scène l’Islandaise.
Lors de la conférence, Tom et Thordis ont insisté sur la nécessité de garder en tête que les criminels, parmi lesquels les violeurs, sont des êtres humains. « Comment pouvons-nous comprendre ce qui produit de la violence dans nos sociétés si nous refusons de reconnaître l’humanité de ceux qui la commettent ? », s’interroge ainsi Thordis Elva. Mais pendant leur prise de parole, ceux qui sont désormais trentenaires ont aussi tenu à aborder d’autres sujets.
« J’ai fait abstraction de la réalité en me disant que c’était une relation sexuelle »
La victime a notamment parlé de la culture du viol, à l’origine de beaucoup de ses souffrances après l’agression. « Je me suis dit que ça ne servait à rien de revenir sur ce qui s’était passé et qu’en plus, d’une certaine façon, ça devait bien être de ma faute. J’ai été élevée dans une culture qui apprend aux petites filles qu’on n’est jamais victime d’un viol par hasard. Qu’il y a toujours une jupe trop courte, un sourire trop franc ou une haleine qui sent trop l’alcool », a analysé Thordis Elva.
Quant à son violeur, il s’est également confié sur ce que lui a inspiré l’agression dans les jours qui l’ont suivie. « Contrairement à ce qui aurait dû se passer, le mot "viol" ne m’est pas venu à l’esprit. (…) La vision que j’avais de mes actes ne tenait pas compte de l’immense traumatisme que j’avais infligé à Thordis. (…) J’ai fait abstraction de la réalité en me disant que c’était une relation sexuelle et pas un viol. Et j’ai été dévoré par la culpabilité de m’être formulé un tel mensonge », a raconté l’Australien.
Livrée mardi sur internet, la vidéo de ce témoignage poignant a depuis été vue plus de 1 million de fois.