VIDEO. Farid Benyettou, ex-mentor des frères Kouachi, se dit «Charlie», les victimes «consternées»
TERRORISME•Face aux réactions négatives que son geste a provoquées, le djihadiste repenti promet de « ne plus intervenir publiquement »…G. N. avec AFP
Le « Je suis Charlie » prononcé par Farid Benyettou, ex-mentor des tueurs de Charlie Hebdo, a provoqué la « consternation » des victimes d’attentats. Samedi, Farid Benyettou, ancien « émir » autoproclamé de la « filière des Buttes-Chaumont », auteur de Mon djihad, itinéraire d’un repenti, a lancé dans l’émission « Salut les terriens » : « Bien sûr que je suis Charlie », brandissant un pin’s « Je suis Charlie », en réponse à une question de l’animateur Thierry Ardisson (C8).
Âgé de 35 ans, il avait eu parmi ses adeptes en 2003 et 2004 les frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Condamné à six ans de prison - dont quatre ans de sûreté -, il en est sorti en 2009.
« Au minimum une maladresse épouvantable »
« Qu’un homme si proche des frères Kouachi, pour vendre son livre, fasse une telle déclaration sur un plateau télé relève au minimum d’une maladresse épouvantable pour les victimes », a déclaré lundi à l’AFP Guillaume Denoix de Saint-Marc, président de l’Association française des victimes de terrorisme (AFVT), ajoutant douter de la « sincérité » de ces mots.
« Ardisson lui non plus n’a pas été des plus élégants à faire la promotion du mentor des Kouachi alors qu’on commémorait l’attentat contre Charlie [Hebdo] » , a estimé Guillaume Denoix de Saint-Marc. Et de soupirer : « C’était un moment intéressant au niveau marketing. Dommage que cela prévale sur l’éthique. »
Le repenti réagit
« J’ai pris conscience que mes apparitions médiatiques ont mis plusieurs personnes mal à l’aise », a réagi lundi par communiqué Farid Benyettou, annonçant sa décision de « ne plus intervenir publiquement à compter de ce jour ».
L’invitation de Farid Benyettou « n’était pas une provocation », s’est défendu Thierry Ardisson dans une interview au Figaro, assurant que la séquence où Farid Benyettou brandit le badge n’était « pas prévue ». « Je ne veux pas m’ériger en censeur ou en moralisateur […] Les téléspectateurs, qui ont le droit de vote, sont assez intelligents pour se faire leur propre opinion », a argumenté l’animateur.
Les sénateurs Nathalie Goulet (UDI) et André Reichardt (LR), coprésidents de la commission d’enquête sur la lutte contre les réseaux jihadistes, ont annoncé saisir le Conseil supérieur de l’audiovisuel après une « séquence insupportable, mélange d’indécence et de cupidité, totale irresponsabilité à l’égard de la mémoire des victimes et de leurs familles ».