TES: Une trentaine de personnalités s'opposent au megafichier dans une lettre ouverte
FICHAGE•Elles exigent la suspension de la mise en oeuvre du décret instaurant ce mégafichier...20 Minutes avec AFP
Ils sont une trentaine à monter au créneau. Des personnalités ont demandé à François Hollande, dans une lettre ouverte publiée ce vendredi, la suspension d’un décret instaurant , jugé « inutile » et « dangereux », qui regroupe les données personnelles des Français.
« Il vous appartient, monsieur le président de la République, de suspendre la mise en oeuvre de ce décret, de donner au Parlement et à la société civile le temps d’en débattre », estiment les signataires, parmi lesquels la présidente de la Françoise Dumont, le sénateur socialiste PS Gaëtan Gorce ou encore la présidente du Syndicat de la magistrature Clarisse Taron.
Un fichier « inutile et dangereux »
La « centralisation » des données biométriques est « inutile et dangereuse », estiment-ils . « Inutile » car l’objectif de combattre la fraude et l’usurpation d’identité invoqué par l’exécutif peut se faire différemment, en stockant « l’identité biométrique » de la personne dans « le document d’identité lui-même » plutôt que dans un énorme fichier, argumentent-ils.
« Dangereuse » car « le passage en base centrale ouvre la voie à des pratiques en opposition avec les principes fondamentaux de la République », principalement si sa vocation initiale d'« authentification » d’identité est renversée et que le fichier devient un instrument d'« identification ».
Concessions
« Nous pouvons imaginer sans peine ce qu’un régime peu regardant sur la question des libertés publiques pourrait faire d’un tel fichier : un visage apparaît dans une manifestation, une empreinte est retrouvée dans la salle d’une réunion jugée subversive… et la personne subit le sort des "ennemis d’Etat" », selon les signataires.
Objet d’un décret paru le 30 octobre au Journal officiel, le mégafichier réunit dans une seule base de données (identité, couleur des yeux, domicile, photo, empreintes digitales…) les détenteurs d’un passeport et d’une carte d’identité et concerne potentiellement près de 60 millions de Français. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a convenu mardi qu’un débat parlementaire aurait dû avoir lieu « en amont ».
Pour éteindre la polémique et après avoir étalé ses propres divisions, le gouvernement a fait la semaine dernière des concessions, annonçant que les usagers pourront refuser la prise de leurs empreintes digitales.