Affaire Fiona: «Je veux savoir où elle est enterrée», réclame son père biologique à l’ouverture du procès
PROCES•Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf comparaissent, depuis ce lundi, pour avoir porté des « coups ayant entraîné la mort » de la fillette de 5 ans, en 2013…Vincent Vantighem
De notre envoyé spécial à la cour d’assises du Puy-de-Dôme, à Riom
La dernière fois qu’il a vu Fiona vivante, Nicolas Chafoulais s’est fracturé le tibia en frappant de rage dans un lampadaire, car il n’en pouvait plus d’être séparé de sa fille. Trois ans plus tard, le père biologique de la fillette souhaite panser son « cœur brisé » devant la cour d’assises de Riom (Puy-de-Dôme). Fiona est morte en 2013. « Et je veux juste savoir maintenant où elle est enterrée exactement », a-t-il lâché à et Berkane Makhlouf.
Quatre femmes et deux hommes composent le jury
Accusés d’avoir « porté des coups ayant entraîné la mort » de Fiona puis de l’avoir enterrée, nue, sans même un doudou, au bord d’une forêt, la mère et le beau-père de la fillette n’ont pas profité de l’ouverture de l’audience pour faire des révélations à la cour à ce sujet. Métamorphosée par trois années de détention, Cécile Bourgeon, visage bouffi, a assisté, impassible, à la lecture de l’acte d’accusation. Les yeux mi-clos, elle n’a pris la parole que pour détailler d’une voix quasi inaudible son métier de « serveuse » et indiquer qu’elle n’avait jamais frappé sa fille. « Pareil pour moi », a enchaîné Berkane Makhlouf.
Les poings serrés, assis face à eux, Nicolas Chafoulais a alors fondu en larmes. « C’est rare qu’il craque mais là… c’est trop, assure Charles Fribourg, son avocat. Il veut connaître la vérité, mais il se rend bien compte qu’aucun des deux accusés ne veut véritablement coopérer. » C’est la difficulté à laquelle vont être confrontés, pendant deux semaines, les quatre femmes et les deux hommes qui composent le jury chargé de juger l’ancien couple toxicomane qui a fait croire à la disparition de Fiona durant trois mois.
Une peine de trente ans de réclusion criminelle
Comme un symbole de cette difficulté, le président de la cour d’assises, Dominique Brault, a rappelé, ce matin, comment s’était déroulée la confrontation de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf lors de l’enquête. « Après s’être mutuellement accusés de mensonges, les deux accusés sont tombés dans les bras l’un de l’autre et se sont réaffirmé leur amour. »
Unis par l’horreur, les deux accusés, enfermés chacun dans une prison différente, ne se parlent plus aujourd’hui. Dans le box des accusés, ils sont simplement séparés par un agent pénitentiaire. Ils ont désormais quinze jours pour retrouver un peu d’humanité. Et tenter d’atténuer une peine qui pourrait atteindre trente ans de réclusion criminelle. Le verdict doit être rendu le 25 novembre.