SANTEComment réussir une séance de yoga pour enfants?

Le yoga pour enfants, à la mode, vraiment adapté?

SANTEA l’occasion de la sortie ce mercredi d’un livre pour personnaliser une séance de yoga chez soi, « 20 Minutes » passe en revue les conditions pour adapter cette activité aux enfants…
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

«Certains de mes élèves ont des couches, on est bien étonnés de voir ce qu’ils parviennent à faire en yoga ! », assure Lise Bilien, professeur de yoga pour enfants. Avec sa complice, Elodie Garamond, elle publie ce mercredi (Flammarion). Un petit guide pour pratiquer le yoga en famille chez soi. Les deux auteures proposent des séances de yoga « testées et approuvées » par leurs enfants mais surtout variées et adaptées à un bébé de 18 mois jusqu’à un préadolescent de 11 ans. L’occasion de tester le yoga sans se ruiner. A condition de respecter quelques règles…

Une activité très en vogue

« Le yoga pour enfants, c’est une mode », reconnaît Lise Bilien. Quand Elodie Garamond a ouvert le premier cours de yoga pour enfants à Paris au il y a trois ans, « on m’a dit que c’était ridicule, se souvient-elle. Certains parents émettaient des réserves en disant que leurs enfants avaient déjà beaucoup d’activités, se méfiaient du côté religieux. » Depuis, le yoga pour enfants s’est démocratisé et invité dans les écoles, festivals et centres sportifs. Et ce guide vient compléter la large panoplie d’ouvrages publiés cette année sur le sujet : (Editions Ideo), (Tourbillon)…

« Nous refusons d’avoir des objectifs thérapeutiques »

« Aucun enfant ne veut spontanément faire du yoga », prévient Michèle Desrues, pédiatre et professeure de yoga. C’est donc souvent un adulte qui encourage sa progéniture à tester le chien tête en bas. Avec parfois des objectifs disproportionnés… Guérir l’hyperactivité, les troubles de l’attention ou les problèmes de sommeil avec un seul cours de yoga ? Très peu pour elle… « Je refuse d’avoir des objectifs thérapeutiques, reprend la pédiatre. Je préfère parler d’approche du yoga pour enfant qui sert à découvrir son corps et non à se concentrer davantage en cours ! En tant que professeur de yoga il faut savoir passer la main à un thérapeute quand l’enfant en a besoin. »

Ne rien imposer

Une exigence reprise par les auteures de ce petit guide. « Certains de mes élèves ne font qu’observer pendant la première séance, renchérit Lise Bilien. Quand on organise une séance chez soi, il ne faut pas imposer un déroulé précis de 45 minutes. On ne promet pas que les enfants vont totalement changer grâce au yoga ! » Les deux auteures regorgent d’astuces pour un retour au calme agréable : mettre un peu de musique, masser l’enfant ou lui faire colorier des mandalas.

Une séance ludique

Le secret, c’est d’adapter aux besoins de l’enfant. En immisçant le jeu et l’imaginaire dans les séances. « Il n’est pas envisageable de laisser un tout petit seul sur son tapis, rassure Lise Bilien. A 18 mois, on fait appel à leur imagination, on va donc raconter une histoire. Le yoga se prête vraiment à des voyages ludiques, car beaucoup de postures sont liées à des animaux. En réalité les enfants font du yoga sans s’en rendre compte, ils s’amusent à marcher dans tout l’appartement comme un loup… »

Et les postures, déclinées selon les âges dans l’ouvrage, s’adaptent aux possibilités des enfants. « Ils ne peuvent pas coordonner souffle et gestes avant la puberté, explique Michèle Desrues, auteure de 1,2,3 yoga. « Les enfants ont une souplesse et un équilibre que peu d’activités développent, souligne Elodie Garamond. Avec les postures, ils prennent conscience de leur corps qui est en perpétuel changement. »

Se défouler puis se détendre

Certes, mais l’enfant n’a-t-il pas besoin de se dépenser plutôt que de se calmer ? , le yoga permet de passer par l’effort physique pour mieux se détendre. « Nous avons imaginé des séances toniques, d’autres plus calmes, en fonction de l’heure de la journée et à adapter selon l’enfant, nuance Lise Bilien. Au bout de dix sauts de crapaud, l’enfant a libéré son énergie. Mais il faut toujours s’adapter. Il m’arrive de commencer une séance par quelques minutes où on empile les boîtes pour les détruire juste après. Le yoga permet aussi de gérer l’agressivité des enfants. Mais avec des règles : on tape sur la tour, pas sur le copain… »

Calme et bienveillance

Et les trois professeures assurent que les enfants apprennent à décompresser grâce au yoga. « Le travail sur la respiration permet à ces enfants de ne pas vivre en apnée, insiste Elodie Garamond. Cela peut leur servir toute leur vie pour mieux gérer le stress. D’autant qu’aujourd’hui, les enfants sont sous pression très tôt. Mon fils à trois ans n’arrivait pas à rester assis plus de cinq minutes… En lui proposant des cours régulièrement j’ai constaté que ça lui faisait du bien. »

Autre avantage : c’est une activité sans compétition. « Il n’y a pas d’obligation, le yoga c’est rester souple de toute façon !, résume Elodie Garamond. Pendant le cours, on leur apprend à ne pas aller au-delà de leurs forces, de ne pas se faire mal. Cette bienveillance vis-à-vis de leur corps est une porte d’entrée pour la bienveillance vis-à-vis des autres. » Et les séances en duo enseignent aux enfants à faire attention à l’autre. « Ce n’est pas seulement au parent de corriger la posture et masser son enfant, mais aussi à l’enfant de prendre soin de l’autre ! »

>> Appel à témoignages. Votre enfant pratique déjà le yoga ? Ou vous avez pour projet de l’y inscrire ? Racontez-nous ce que ça a changé pour lui… et pour vous. On attend vos contributions à [email protected] ou dans les commentaires de cet article.