PLUIE ET BEAU TEMPSMais pourquoi sommes-nous accros aux prévisions météo?

Smartphone, TV, radio… Mais pourquoi sommes-nous aussi accros aux prévisions météo?

PLUIE ET BEAU TEMPSLe besoin de maîtriser son environnement et l’exigence toujours plus forte liée aux nouvelles technologies font partie des explications…
O. P.-V.

O. P.-V.

Parler de est-il vraiment synonyme de platitude totale ? Les Français semblent en tout cas passionnés par le sujet ( évidemment). En témoignent les innombrables applications disponibles sur smartphones, qui ne perdent pas en succès malgré cela - Evelyne Dhéliat rassemble plus de 5 millions de téléspectateurs le soir sur TF1 -, les émissions spécialisées comme Météo à la carte , et le fait que quasiment consulte au moins une fois par mois un site ou une appli météo.

« Les gens deviennent de plus en plus exigeants »

Un phénomène compréhensible, surtout quand on on sait que certaines personnes voient . Mais l’immédiateté permise par les nouvelles technologies pousse les plus accros aux prévisions météo à chercher des applications et médias toujours plus précis, toujours plus fiables. « Les gens deviennent de plus en plus exigeants », confirme Guillaume Séchet, présentateur sur BFMTV et créateur du site Meteo-villes.com.

« Avant, quand le bulletin télévisé se trompait en annonçant du soleil à la place de la pluie, les gens râlaient mais pas plus. Désormais, il est inconcevable d’être à côté à ce point. La technologie a amené cette exigence, avec la multiplication des supports et des sources possibles. Il est normal que les gens se plaignent si vous vous trompez », explique le météorologiste.

Un besoin de contrôler son environnement

Mais la météo n’est pas une science exacte, et en dépit des options qui se développent (prévisions détaillées sur les 12 prochaines heures, ville par ville, arrondissement par arrondissement, niveau de précipitations attendu dans l’heure, etc...), une fiabilité absolue n’est pas possible. Est-elle même souhaitable ?

Pour le psychanalyste Samuel Lepastier, ce besoin de connaître absolument la température et l’humidité prévues est symptomatique de l’époque : « Nous vivons dans un monde de plus en plus technique, de plus en plus connecté, tandis que nous souhaitons maîtriser en permanence notre environnement. La météo est justement quelque chose que nous ne maîtrisons pas. S’intéresser aux prévisions, savoir le temps qu’il fera, c’est au fond se donner l’illusion que l’on exerce une emprise sur le temps. »

D’où la nécessité pour les météorologistes de faire attention dans cette course à l’information parfaite en temps réel, selon Guillaume Séchet : « Nous ne cherchons pas systématiquement à être absolument précis, car être transparent, c’est aussi dire au public que nous avons des limites dans nos prévisions. » Un public qui en attendrait parfois trop, « comme un enfant gâté », illustre-t-il.

L’incertitude du changement climatique

Samuel Lepastier traduit cette exigence : « La technologie répond à un besoin, elle ne vient pas par hasard. Ce besoin est illustré par la vie en ville : plus l’on se rapproche des aires urbaines, plus on se protège contre les surprises de l’environnement naturel. Mais notre perfectionnisme nous pousse à considérer que cette protection est toujours insuffisante. »

Les aléas provoqués par ont également sensibilisé la population à cette question. Guillaume Séchet, qui revendique 400.000 visiteurs uniques chaque jour sur son site et son application, note qu’à chaque événement climatique, son audience passe un cap de 50.000 visiteurs environ : « Les cas les plus marquants en France sont la tempête de 1999 et la canicule de 2003, mais aussi ont amené un grand nombre de visiteurs qui deviennent fidèles. »

« Au fond l’engouement pour ce sujet vient à un moment où l’on est moins en contact avec les choses naturelles. Alors que l’on passe de plus en plus de temps dans des bureaux, dans les transports, la météo prend plus d’importance au moment où l’on croirait qu’elle en a moins. On revient à cette idée de contrôler ce qui nous échappe », conclut le psychanalyste.