JUSTICERixe de Sisco: De six mois avec sursis à deux ans ferme pour les prévenus

Rixe de Sisco: Les cinq prévenus condamnés à des peines de 6 mois avec sursis à deux ans ferme

JUSTICEJusqu'à 30 mois de prison, dont 24 ferme, avaient été requis à Bastia...
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

De notre envoyée spéciale à Bastia,

L'audience a duré presque 12 heures. Des peines allant de six mois de prison avec sursis à deux ans ferme ont été prononcées à l'encontre des cinq prévenus. Mustapha Benhaddou, 33 ans, a été condamné à deux ans de prison ferme avec maintien en détention pour violence en réunion avec armes. Absents à l'audience, deux autres frères Benhaddou, Abdelillah, 38 ans, et Jamal, 29 ans, ont écopé chacun de 6 mois avec sursis. Deux villageois, le boulanger Lucien Straboni, 50 ans, et un employé municipal de 22 ans, Pierre Baldi, ont été condamnés respectivement à un an et à huit mois avec sursis.

Les avocats de Mustapha Benhaddou ont déjà annoncé qu'ils feraient appel.

Ce jeudi à Bastia, le procès dit de la « rixe de Sisco » a tenté de faire la lumière sur ce qui s’est réellement déroulé . Après un mois d’emballement autour de la présence invoquée à tort de femmes se baignant en burkini, les Corses étaient impatients d’en terminer avec ce qui n’est qu’une bagarre qui a dégénéré.

Le procureur avait requis une peine de deux ans de prison ferme à l’encontre de Mustapha Benhaddou, 10 et 8 mois de sursis pour ses deux frères, ainsi que 1 an et 8 mois avec sursis contre Lucien Straboni et Pierre Baldi. L’audience, qui a duré plus de 12 heures, a été suspendue à 3h00, vendredi.

Devant le palais de justice de Bastia, Jean-Pierre, de Sisco, propose des tee-shirts « Simu tutti a fianc’a voi » (« nous sommes tous à vos côtés ») : « Il faut que ça se termine », soupire-t-il. Autour de lui, une cinquantaine de personnes sont venues dans le calme témoigner leur solidarité avec les deux prévenus Siscais. « On est venus soutenir les gens concernés et à travers eux la population de Sisco et même la majeure partie de la population corse qui est un peu fatiguée : nous avons une identité forte, politique, culturelle, et nous sommes un peuple ouvert qui a toujours accueilli les gens. Mais on trouve normal qu’eux s’adaptent à la vie ici », estime Paul, voisin de Sisco.

« Logique de caïdat » contre « furie collective »

Dans la salle d’audience pleine à craquer de personnes venues soutenir les Siscais, on s’en tient aux faits. Mais la question de l’identité est bien présente : le public rit lorsque Mustapha Benhaddou, le seul des trois frères prévenus présent ce jeudi au tribunal, dit se sentir « plus Corse » que le jeune Jerry, 18 ans, qu’il reconnaît avoir frappé pour qu’il arrête de prendre des photos de la crique.

Les deux prevénus résidents de Sisco, le boulanger Lucien Straboni et l’agent de mairie Pierre Baldi, évoquent pour leur part des coups « involontaires », dont un coup de poing donné à Jamal Benhaddou alors qu’il était à terre sur un brancard. « Pourquoi êtes-vous descendu alors que vous n’étiez pas à la crique ? », interroge le Procureur. « J’y suis allé en père de famille, parce que des enfants se faisaient taper », répond Lucien Straboni d’une voix à peine audible qui contraste avec sa carrure de rugbyman.

Quand Pierre Baldi dit ne s’être rendu le lendemain de la rixe dans le quartier populaire de Lupino, à Bastia, que pour « voir s’il y avait du monde » au rassemblement de Corses scandant « On est chez nous », le Procureur le recadre : « Vous êtes allés traumatiser des gens qui n’avaient rien à voir avec cette histoire. Je voudrais vous faire réfléchir sur les mouvements de foule ». La logique de « caïdat » qui aurait poussé la famille Benhaddou à vouloir s’accaparer une plage le 13 août est confrontée à « la colère, la peur, la furie collective », selon les mots de la présidente du tribunal.