BUSINESSLa créatrice du burkini affirme que ses ventes progressent en France

La créatrice du burkini affirme que ses ventes progressent en France

BUSINESSPour Aheda Zanetti, créatrice du burkini, ce maillot de bain est un outil d'intégration en Australie...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Elle s’appelle Aheda Zanetti, elle est australienne et c’est elle qui a créé, il y a plus de 10 ans à Sydney, le burkini. Cette musulmane de 48 ans ne s’attendait pas à ce que son maillot de bain quasi-intégral vienne susciter une telle polémique en France.

D’après elle, les hommes politiques français « utilisent le mot burkini comme un mauvais concept islamique alors que c’est juste un mot. Un mot que j’ai créé pour désigner un produit que je fabrique. Nous ne cachons pas de bombe dessous, il ne sert pas à entraîner des terroristes ».

Une commande officielle en Australie

Zanetti est d’autant plus surprise que le burkini est considéré, en Australie, comme un outil d’intégration. Elle a ouvert son premier magasin à Sydney en 2005. Soit concomitamment à de graves émeutes qui avaient éclaté sur la plage de Cronulla, à Sydney, entre des jeunes originaires du Moyen-Orient et des Australiens blancs venus « reprendre possession » du rivage.

Ces violences avaient profondément choqué en Australie, ce qui avait amené l’association de sauveteurs Surf Life Saving Australia (SLSA) à diversifier son recrutement, et à engager notamment des musulmans. Zanetti avait alors reçu une commande pour des burkinis jaunes et rouges, les couleurs emblématiques de la SLSA.

Le burkini est ce qui a permis à Siham Karra-Hassan de plonger à nouveau dans une piscine, deux décennies après en avoir été chassée car elle n’avait pas le droit de porter des habits en coton dans l’eau. « Les choses ont changé très vite avec le burkini », explique à cette mère de six enfants, dont la fille de 25 ans est monitrice de natation en burkini.

« Je suis quelqu’un de très actif. Alors plus je peux faire de l’exercice, plus je peux aller dans l’eau, plus je peux mettre mon burkini, plus je suis contente. »

Une hausse des ventes de 35 à 40 % en France

Les autres nageurs la regardaient au départ avec de gros yeux puis les choses sont rentrées dans l’ordre, affirme-t-elle. Certaines femmes, y compris non musulmanes, viennent lui poser des questions sur le burkini et pensent en acheter un pour se protéger du soleil brûlant australien.

Aheda Zanetti, qui est d’origine libanaise, explique avoir créé le burkini en regardant sa nièce jouer au netball. « Je voulais que personne ne soit plus privé d’activités sportives du fait des restrictions imposées par la pudeur ».

Et d’ajouter : « La plage, le surf, le soleil et le sport font partie de la culture australienne et j’avais le sentiment d’avoir été privée de toutes ces activités pendant ma jeunesse ». Depuis 2005, cette mère de trois enfants a écoulé plus de 700 000 burkinis et fournit des grossistes jusqu’en Suisse, en Grande-Bretagne, à Bahreïn ou en Afrique du Sud.

Par ailleurs, dans une interview accordée à Europe 1, elle assure que les vents de burkini en France ont augmenté 35 à 40 % ces dernières semaines. Et conclut : « Ces femmes vont continuer à acheter le burkini et peu importe qu’elles aillent nager en France, en Espagne, en Suisse ou ailleurs… Personne ne pourra les arrêter de faire ce qu’elles veulent ».