Menace terroriste: Israël affirme avoir créé une technique pour identifier les «loups solitaires»
TERRORISME•Ce système pourrait être appliqué dans d’autres pays, notamment en Europe selon des experts...20 Minutes avec AFP
Comment arrêter ou limiter l’impact des actes des « loups solitaires » ? Les autorités israéliennes, confrontées à une vague d’attaques perpétrées par des Palestiniens isolés, disent avoir fait des progrès dans l’identification de ces individus, un défi auquel sont maintenant confrontés d’autres pays occidentaux.
Deux contextes différents
Les récentes attaques en Europe et aux Etats-Unis ont conduit à des interrogations sur les motivations de leurs auteurs et à ce qui pourrait être entrepris pour les neutraliser ou limiter l’impact de leurs actes.
Des responsables israéliens ont mis au point un système d’alerte combinant notamment la surveillance des réseaux sociaux et des techniques de renseignements classiques, ce qui a permis, selon eux, d’empêcher ou de limiter certaines attaques.
Le conflit israélo-palestinien ne s’inscrit certes pas dans le même contexte que celui des attaques en Europe, de nombreux analystes soulignant que près de 50 ans d’occupation des Territoires palestiniens contribuent à entretenir les frustrations palestiniennes qui conduisent à la violence.
Depuis le 1er octobre, 218 Palestiniens ont été tués, la plupart d’entre eux, selon les autorités israéliennes, en commettant, souvent seuls, des attaques au couteau, à la voiture-bélier ou à l’arme à feu contre des Israéliens. D’autres Palestiniens ont été tués lors de heurts avec l’armée israélienne. Ces violences ont coûté la vie à 34 Israéliens.
Système d’alerte
« Nous avons compris, après avoir dressé trois ou quatre profils-type, que la plupart des attaquants correspondaient à ces profils », a indiqué un responsable militaire israélien sous couvert de l’anonymat.
L’armée a mis au point un système d’alerte basé sur l’analyse des données disponibles sur les assaillants palestiniens depuis début octobre, prenant notamment en compte leur histoire personnelle, le lieu de leur attaque et leurs activités dans les jours précédant leur acte, explique le responsable.
Les stratégies utilisées en cas de repérage d’un individu potentiellement dangereux sont diverses : surveillance, conversations avec sa famille, arrestation en cas d’incitation à la violence, précise-t-il.
Des attaques en baisse
Le nombre d’attaques contre des Israéliens est en baisse constante ces derniers mois, même si divers facteurs expliquent cette baisse.
Il est difficile d’estimer précisément combien d’attaques de « loups solitaires » ont été déjouées par le système d’alerte mais le responsable cite l’exemple d’une adolescente palestinienne, arrêtée en mars, alors qu’elle était surveillée.
Elle avait été arrêtée en possession d’un couteau dans un taxi qui se dirigeait vers un barrage de l’armée. Selon le responsable, l’armée savait qu’elle avait des problèmes avec ses parents et qu’elle avait des idées suicidaires pouvant la conduire à vouloir attaquer des soldats pour mourir en martyr.
Justice militaire
L’analyse des profils des attaquants montre que la plupart d’entre eux sont âgés au plus de 24 ans, et qu’ils sont des hommes dans 90 % des cas. Le suicide était la principale motivation de leur acte pour 40 % des personnes ayant commis des attaques entre octobre et janvier, affirme le responsable militaire.
Certains experts estiment que le modèle mis au point par l’armée, avec l’aide d’algorithmes pour filtrer les informations des médias sociaux, peut être efficace et appliqué dans d’autres pays.
« Cela ne peut bien sûr pas complètement stopper la vague de terrorisme en Israël » ou en Europe, souligne Daniel Cohen, expert en cyberterrorisme à l’Institut israélien pour les Etudes de sécurité nationale.
Il ajoute que ces efforts doivent être accompagnés notamment de messages positifs, permettant de détourner les jeunes de leur volonté de mourir ou de perpétrer une attaque.
Vers des arrestations injustifiées ?
« Les listes de personnes à surveiller et la surveillance conduisent à une fausse impression de sécurité, fournissent des informations après-coup mais ne donnent pas beaucoup d’éléments pour éviter (…) une attaque », estime toutefois le cabinet de conseil basé aux Etats-Unis The Soufan Group après l’assassinat mardi d’un prêtre en France par des djihadistes.
« La surveillance est extrêmement difficile et coûteuse en termes de temps et de personnel », rappelle-t-il en outre.
Les groupes de défense des droits de l’Homme soulignent de leur côté que le système d’alerte mis en place par Israël peut conduire à des arrestations injustifiées. L’ONG Adalah affirme ainsi que 400 Palestiniens et Arabes israéliens ont été arrêtés fin 2015 pour des soupçons d’incitations à la violence et de menaces.
D’autres soulignent que la Cisjordanie occupée est soumise à la justice militaire israélienne qui permet de placer des suspects en détention administrative, sans procès, pour de longues périodes.