TERRORISMEAttentat dans une église: La traque impossible d'Abdel Malik Petitjean

Attentat dans une église près de Rouen: La traque impossible d'Abdel Malik Petitjean

TERRORISMELes policiers étaient sur la piste du second terroriste de Saint-Etienne du Rouvray depuis vendredi 22 juillet...
Florence Floux

Florence Floux

Il s’en est fallu de peu. Le deuxième terroriste de l’attentat qui a eu lieu à Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime) qui a coûté la vie au prêtre Jacques Hamel a été formellement identifié ce jeudi matin. Abdel Malik Petitjean était né le 14 novembre 1996 à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges). Ce jeune homme de 19 ans vivait depuis en Savoie, où plusieurs perquisitions ont été menées depuis mercredi et trois personnes placées en garde à vue.

Si Adel Kermiche, l’autre terroriste de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray était connu de la police et de la justice pour avoir été arrêté et incarcéré en 2015, on ne peut pas en dire autant de son complice. Inconnu des services de police, il ne figurait dans aucun fichier jusqu’au 29 juin, date à laquelle la France émettait une fiche S à son nom, sans photo. La veille, la Turquie indiquait à la France qu’un individu nommé Abdel Malik Petitjean était arrivé en Turquie le 10 juin, soit dix-huit jours auparavant, selon une source proche de l'enquête.

Un visage sans nom

Le 22 juillet, des services de renseignements étrangers alertaient leurs homologues français sur un individu constituant une menace imminente pour la sécurité intérieure. Ils remettaient alors à la France une photographie sans nom. Cliché qui était diffusé dans tous les services de police, gendarmerie et douanes du pays par l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat). Aucun fonctionnaire ne reconnaissait cet individu, qui semblait ne figurer dans aucun fichier.

La Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) se mettait immédiatement à la recherche de cet homme. Pendant le week-end, une perquisition administrative permettait de découvrir une vidéo d’allégeance à Daesh chez un autre individu. Les enquêteurs pensaient y reconnaître le mystérieux homme de la photo, sans pouvoir mettre un nom sur ce visage. L’individu perquisitionné était placé en garde à vue dès lundi 25 juillet, selon le parquet de Paris.

Une équation à trois inconnues

Mardi, alors que les deux terroristes sont abattus par les hommes de la BRI de Rouen après avoir égorgé un prêtre et grièvement blessé un paroissien, les services tentent d’identifier les deux hommes. Adel Kermiche, dont le contrôle judiciaire l’obligeait à pointer au commissariat de Saint-Etienne-du-Rouvray est dans un premier temps reconnu visuellement par les policiers locaux avant d’être formellement identifié par empreintes papillaires. Lors d’une perquisition à son domicile, une carte d’identité au nom d’un certain Abdel Malik Petitjean est retrouvée.

Les policiers suspectent alors le deuxième homme d’être celui de la photographie remise par les services étrangers, mais touché à la tête par les tirs, son visage n’est plus reconnaissable. Ses empreintes ne figurent dans aucun fichier. Les enquêteurs de la DGSI, qui suspectent tout de même l’individu d’être le même, finissent par faire le lien avec le dénommé Abdel Malik Petitjean. Ils se rendent alors compte que celui-ci est rentré en France dès le 11 juin, soit le lendemain de son arrivée en Turquie.

Alors inconnu des services de police - puisque les Turcs donnent l’alerte le 28 juin- il a pu regagner le domicile familial sans être inquiété. Ce n’est qu’à partir de mardi dernier, après l’attentat en Seine-Maritime, que les enquêteurs suspectent Abdel Malik Petitjean de correspondre à la fois au corps du terroriste et à la photographie diffusée par l’Uclat. Information dont ils obtiennent confirmation absolue ce jeudi matin, grâce aux résultats de la comparaison ADN entre la mère de Petitjean et le cadavre de celui-ci.