Attentat à Nice: Mais où est le maire de Nice (pas Christian Estrosi, l'autre)?
POLITIQUE•Vous pensiez que Christian Estrosi était toujours maire de Nice? C'est normal...Florence Floux avec Hélène Sergent
De notre envoyée spéciale à Nice,
Chauve, barbu, portant des lunettes… Si vous voyez cet homme, n’intervenez pas vous-même et contactez la presse. Philippe Pradal, maire de Nice (si si), a disparu des radars. Depuis l’attentat qui a frappé la ville le 14 juillet, c’est Christian Estrosi, premier adjoint et ancien édile qui officie dans les médias, répond à toutes les questions, écrit aux Niçois, tweete, accuse le gouvernement de ne pas avoir assuré la sécurité de ses concitoyens… Christian Estrosi est partout, tout le temps, sur tous les sujets.
Le tout nouveau président de la région Paca avait été obligé de céder sa place à la tête de la ville à son ex-premier adjoint le 13 juin dernier, la faute à la loi sur le cumul des mandats. Mais force est de constater que l’élu Les Républicains, ancien ministre de l’Industrie de Nicolas Sarkozy, a gardé la main sur pas mal de dossiers, puisqu’il est en charge de la sécurité, des finances, des travaux, des transports, du stationnement, de la circulation, de la voirie et de l’occupation du domaine public.
Perdu de vue
L’omniprésence de Christian Estrosi a pour effet principal de faire disparaître son successeur à la tête de la municipalité, à quelques rares interviews près. Une « blague » - jugée de mauvais goût par certains - a d’ailleurs tourné sur les réseaux sociaux : le compte #RecherchesNice, qui publiait les avis de recherches de personnes disparues lors de l’attentat, a émis un tweet à l’effigie de Philippe Pradal…
Ce mercredi, Le Canard Enchaîné s’amuse également de la disparition du maire de Nice. Un Niçois à qui l’édile se serait confié y affirme ainsi que Pradal lui a dit tel quel : « C’est simple, je fais ce qu’Estrosi me demande. Et il ne me demande rien. » Bon nombre de réactions sont déjà apparues sur Twitter.
Un partage des médias ?
D’après Le Figaro qui relaie les explications de Philippe Pradal, le maire et son premier adjoint se seraient partagés les médias : français pour Estrosi, étrangers pour Pradal… « Les Niçois savent que j’étais sur le terrain, Christian Estrosi s’est focalisé sur les médias nationaux et moi étrangers. » Toutefois, certains indices permettent d’en douter.
Les Niçois se demandent eux aussi ce qu’est devenu leur maire. « Le maire de la ville, Philippe Pradal, il est où ? On ne le voit pas, on ne l’entend pas ! C’est un homme de paille », s’insurge un habitant sur la Promenade des Anglais. Cet expert-comptable de formation connaît pourtant bien la ville de Nice, où il a été conseiller municipal en charge des Finances à partir de 2008.
Déjà, à l’époque de l’élection de Philippe Pradal, l’opposition avait fait entendre sa voix. « Jeu des chaises musicales » selon les uns, « marionnette » pour les autres, Patrick Allemand (PS) allait jusqu’à évoquer « ce que Poutine et Medvedev ont fait à l’échelle de la Russie » [ils se sont succédé aux postes de Premier ministre et de Président de la fédération de Russie]. Des accusations que Christian Estrosi avait alors tourné en ridicule. Le nouveau maire avait également prévenu de son côté : « L’équipe choisie en 2014 ne change pas. Le projet voulu en 2014 ne change pas. » Quitte à faire office de figurant ?