Attentat de Nice: le secteur touristique en berne
ÉCONOMIE•La ville accueille chaque année 5 millions de touristes, dont 1, 7 million l'étéFabien Binacchi
L'onde de choc du terrorisme. Nice, ville meurtrie par les morts et les blessés, devra aussi faire face à des difficultés dans son secteur touristique, crucial dans son équilibre économique. Depuis son bureau qui surplombe la promenade des Anglais, Denis Zanon, le directeur de l’Office du tourisme de Nice, est catégorique : « La saison touristique est hypothéquée ».
« Les hôtels enregistrent de nombreuses annulations, ajoute le responsable. Et deux paquebots de touristes américains, les plus sensibles aux problématiques de géopolitique, ont décidé de faire une croix sur leur escale à Villefranche-sur-Mer », commune frontalière de la capitale azuréenne où un attentat terroriste a fait au moins 84 morts et plus de 200 blessés le soir du 14 juillet.
« On va tous se retrouver au chômage »
« Lundi, nous n’aurons plus que sept chambres réservées sur 23, note un employé de l’hôtel Le Meurice, avenue de Suède, à quelques mètres seulement de la Promenade des Anglais. On a dû rembourser 32.000 euros. Sur n’importe quel mois de juillet, on est complet. Là, on va tous se retrouver au chômage. »
« On essaie de faire le maximum, explique Denis Cippolini, le président du Syndicat des hôteliers de Nice Côte d’Azur. Nous avons décidé de permettre aux touristes qui avaient réservé entre le 15 et le 31 juillet et qui ont décidé d’annuler leur séjour d’en obtenir un remboursement total ou de le reporter aux dates de leur choix dans un délai d’un an. »
Selon le responsable, « au moins la moitié » des séjours perdus sont causé par l’annulation du concert de la chanteuse Rihanna, qui devait se produire au stade niçois l’Allianz riviera, le 15 juillet.
Même son de cloche depuis l’aéroport de Nice, le plus important en France après ceux de Paris. « Pour évaluer notre activité, on se base sur un taux de remplissage. Il est trop tôt encore pour estimer ou souligner une variation d’activité. En revanche nous n’avons noté aucune annulation massive de vols », indiquait samedi, Gilles Rovirola, directeur de permanence de la plateforme
« Partir dans une démarche de reconquête des touristes »
En ville, si la vie reprend un peu ses droits sur la Prom', certains spots d’habitude prisés par les touristes n’étaient pas pris d’assaut ce samedi. Les plages comme le cours Saleya étaient clairsemés. « C’est calme, très, très calme », glissait le serveur d’un restaurant de cette artère souvent très animée du Vieux-Nice.
Les chiffres, eux, seront à analyser à la fin du mois d’août. « Il sera peut-être moins fort qu’à Paris, mais, c’est certain, il y aura un impact », prédit Denis Zanon.
« Il nous faudra retravailler l’image, notamment de sécurité de la ville.», annonce-t-il. Traditionnellement, chaque année, Nice accueille cinq millions de visiteurs, dont 1,7 pendant les seuls mois de juillet et d’août.