REPORTAGEAttentat de Nice: Dans les cellules psychologiques, le choc et les larmes

Attentat de Nice: «Il y a, chez ceux qui ont survécu, une très forte culpabilité»

REPORTAGEAu Centre universitaire méditerranéen (CUM) de Nice, près de 300 personnes ont été prises en charge par les psychologues bénévoles…
Hélène Sergent

Hélène Sergent

De notre envoyée spéciale,

Il y a ceux qui ont perdu un proche, ceux qui sont toujours sans nouvelle d’un être cher et toutes celles et ceux qui ont été témoins de l’attaque au camion, jeudi 14 juillet, qui a causé la mort d’au moins 84 personnes et blessé des centaines d’autres.

Dès jeudi soir, la mairie de Nice a mis à disposition des habitants une cellule d’aide psychologique au Centre universitaire méditerranéen, à l’ouest de la promenade des Anglais. Depuis, près de 300 personnes ont été prises en charge.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Mettre de l’ordre dans ses émotions

Bernard Muscolo, lunettes carrées et sourire franc, est psychologue et coach en entreprise à Nice. Comme lui, entre 10 et 15 professionnels interviennent chaque jour bénévolement pour écouter et conseiller les témoins du drame survenu jeudi soir. « On procède à des débriefings en trois étapes. La première consiste à raconter l’événement comme ils l’ont vécu, à rester dans les faits, cela permet de se détacher. La deuxième question que nous leur posons est : « Qu’avez-vous pensé ? », et la dernière : « Qu’avez-vous ressenti ? ». »

À l’entrée des grilles de l’imposant bâtiment, des petits groupes patientent, hésitent et sont finalement invités à entrer par le personnel de la Croix-Rouge ou de la sécurité civile. Manon, présente avec deux amis sur la promenade le soir de l’attentat, s’est rendue vendredi à l’une de ces cellules : « On a été pris en charge tous les trois ensemble, ça a été très efficace, on a discuté pendant une heure et on a ressenti beaucoup d’écoute ».

Les récits varient, certains ont échappé à la mort, d’autres ont été confrontés aux blessés, aux personnes décédées sur la chaussée. Depuis vendredi matin, Bernard et ses collègues tentent de les accompagner.

Mais comme pour les témoins, le contrecoup se fait parfois sentir pour les professionnels : « D’habitude je débriefe sur une demi-journée, là ce sont des journées entières. Hier, j’écoutais un couple et j’ai eu dix minutes de vacillement. Je n’ai pas essayé de refouler, je me suis imposé ce que je répète aux victimes : acceptez vos émotions et ce que vous vivez. »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Accompagner le processus de deuil

Au cœur du centre-ville, à quelques mètres de la place Massena, la maison d’accueil des victimes, ouverte en novembre 2015 à Nice, regroupe tous les services de l’Etat. Ici, les membres de la CIAV (Cellule interministérielle d’aide aux victimes), la Croix-Rouge, la sécurité civile, les fonctionnaires de la Police judiciaire, psychologues bénévoles et membres de l’association Entr’Autres s’occupent uniquement des familles endeuillées et des celles qui restent à la recherche d’un proche.

Anne Laurence Halford fait partie de cette association niçoise : « Le point commun entre toutes les personnes qui viennent ici, c’est la sidération et une très forte culpabilité pour ceux qui ont survécu ». Charles, membre de la CIAV, est à l’accueil depuis vendredi : « On a reçu entre 60 et 70 familles. Tout est centralisé ici, il y a l’écoute, le soutien psychologique, puis les investigations. La PJ par exemple peut procéder à des tests ADN sur des personnes qui recherchent un membre de leur famille. »

En retrait de la cohue provoquée par la venue du président de la région Paca, Christian Estrosi, Djamel est venu chercher quelques informations. Un couple d’amis est sans nouvelle de son petit garçon de quatre ans : « Il était avec sa mère au moment de l’attaque. Je suis sûr qu’il est à l’hôpital et qu’il n’a pas encore été identifié par les médecins. On a fait le tour des établissements mais ils ne peuvent pas nous donner d’information ». Pour autant il ne blâme pas les autorités : « Il y a 84 victimes, sans compter les blessés. Ils n’ont probablement pas envie de faire les mêmes erreurs qu’avec les victimes du Bataclan ».

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Dimanche au matin, seules 35 victimes décédées étaient formellement identifiées par les autorités.