Manuel Valls attendu en Corse pour un déplacement délicat
CORSE•Les dirigeants nationalistes de l'île comptent mettre sur la table les points sensibles, de l'amnistie des «prisonniers politiques» au statut de la langue corse...20 Minutes avec AFP
S’il s’était rendu à plusieurs reprises dans l’île en tant que ministre de l’Intérieur, c’est son premier déplacement en Corse en tant que Premier ministre. Manuel Valls est attendu lundi sur l’île de beauté, où les dirigeants nationalistes de l’exécutif comptent mettre sur la table les points sensibles, de l’amnistie des « prisonniers politiques » au statut de la langue corse.
Cette visite est aussi la première de très haut niveau depuis la victoire des nationalistes Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni aux élections régionales de décembre 2015. Ce succès électoral inédit avait débouché sur un entretien des deux hommes avec Manuel Valls à Matignon. Point d’orgue de ce déplacement : le discours du Premier ministre, après ceux des leaders nationalistes Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, devant l’Assemblée de Corse.
Le « commando Erignac » restera en prison sur le continent
Alors que les nationalistes réclament une « amnistie » pour les « prisonniers politiques » corses, Manuel Valls a répliqué en assurant que les règles de rapprochement « s’appliquent ». A l’exception du « commando Erignac » ayant tué le préfet de Corse en 1998, qu’il assume de garder en prison sur le continent.
Sur la langue corse, la revendication d’une « co-officialité » avec le français n’a pas de chance d’aboutir, l’exécutif ayant été très clair dans son refus. Mais les nationalistes pensent obtenir gain de cause a minima sur la création d’une agrégation de corse. Au surlendemain du décès de Michel Rocard, la visite devrait aussi être l’occasion de nouveaux hommages à l’ancien Premier ministre, salué comme un « ami de la Corse » dès samedi soir par Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni.
Michel Rocard et « peuple corse »
Lorsqu’il était à Matignon, Michel Rocard avait chapeauté avec son ministre Pierre Joxe une nouvelle loi sur le statut de la Corse en 1991, qui créait la « collectivité territoriale de Corse ». Le Conseil constitutionnel avait d’ailleurs censuré à l’époque l’usage dans la loi du terme « peuple corse » au motif que la Constitution « ne connaît que le peuple français ».
Ce point suscite encore la controverse : « il n’y a qu’une seule nation, la nation française. Il est hors de question de revenir là-dessus », avait affirmé fin décembre Manuel Valls, ancien conseiller de Michel Rocard. Au même moment, Jean-Guy Talamoni avait fait polémique en qualifiant la France de « pays ami ».