REPORTAGEA la Gay Pride, quelques inquiétudes, mais beaucoup d'ambiance

Gay Pride: Les manifestants sont inquiets «mais quand la musique est bonne, on oublie tout»

REPORTAGEPlacée sous haute sécurité par les forces de l’ordre, la marche LGBT s’est déroulée dans une atmosphère détendue…
Olivier Philippe-Viela

Olivier Philippe-Viela

La tuerie d’Orlando était encore dans toutes les têtes, ce samedi à la marche des fiertés à Paris. Trois semaines après la fusillade dans ce club gay de Floride, aux Etats-Unis, les participants au grand rassemblement annuel LGBT étaient rassurés de voir les contrôles à l’entrée de la manifestation, qui est partie des quais de Seine, au niveau du Louvre, à 15 heures, pour rejoindre Bastille vers 17 heures. Le trajet, deux fois plus court que d’habitude (2,4km), a été modifié par la préfecture de Paris et le ministère de l’Intérieur pour des raisons de sécurité.

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Des mesures comprises par les manifestants, certains trouvant même « trop légères » les fouilles de sacs pourtant systématiques. « Elles ne nous protègent de rien, donc on est forcément inquiets », dit Alain, 35 ans, originaire de Gironde et qui vient à chaque édition depuis dix-sept ans. Accompagné par son ami, il s’est contenté d’arborer un drapeau arc-en-ciel cette année : « Normalement je me déguise à chaque fois, mais cette année j’ai trop peur. »

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« Beaucoup ne sont pas venus par peur, je les comprends »

Cette inquiétude est partagée dans le cortège. Leslie et Vaïna, 20 ans, ont tiqué sur les contrôles à l’entrée : « J’ai trouvé ça bizarre, parce que les deux dernières années, il n’y en avait pas et le parcours commençait à Montparnasse. » Thomas, 26 ans, participe à sa quatrième Gay Pride : « Orlando, c’était il y a même pas un mois, donc s’il faut raccourcir le trajet pour la sécurité, je suis complètement pour. Beaucoup de connaissances ne sont pas venues par peur, je les comprends. Il y a moins d’engouement cette année à cause de l’attaque, mais certains participent justement en réaction à celle-ci. J’espère que ça s’équilibre », conclut-il. L’un de ses camarades de marche abonde : « J’ai beaucoup d’amis qui sont présents uniquement aujourd’hui à la suite de la tuerie d’Orlando, pour montrer que c’est l’année où il faut être présent. »

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Grande habituée de la Gay Pride, Stéphanie, 34 ans, voit dans cette édition une connotation particulière : « Je n’ai pas envie d’être inquiète pour ma sécurité, au contraire, c’est l’année où l’on doit venir encore plus nombreux ! » Marcus, 50 ans, originaire de Berlin, présent avec son compagnon, refuse le pessimisme : « Orlando c’est le deuil. Mais la Gay Pride c’est autre chose, nous voulons montrer notre liberté et notre fierté. J’étais dans le métro à Londres lors de l’attentat de 2005, j’étais à Paris au moment du Bataclan. Je sais qu’on est en sécurité nulle part, mais le risque vaut le coup. »

Un hommage aux forces de l’ordre

Florent, 42 ans, est venu avec son fils, sans crainte : « Quand la musique est aussi bonne, on oublie tout franchement ! » Barbara et son mari, un couple de San Diego, Californie, ont assisté à leur première gay pride, et ils n’étaient pas là par hasard : « Je trouve cela génial ! Je suis peut-être inconsciente mais je n’ai pas peur d’être ici. Tout le monde doit être accepté, c’est le seul message à retenir aujourd’hui », s’enthousiasme-t-elle dans un français parfait.

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Les organisateurs avaient invité chacun à porter un brassard noir pour Orlando, une consigne guère suivie. Alain le Girondin n’en avait pas chez lui, et Thomas n’était même pas au courant. Dans le cortège, entre les chars et les rainbow flags agités par les manifestants, quelques drapeaux américains se sont néanmoins mêlés à la fête, en mémoire de l’attentat en Floride.

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Le cortège était escorté par la police et la gendarmerie, qui ont eu droit à leur hommage vers la fin de la manifestation, avant l’arrivée à Bastille à 17 heures, où un organisateur a annoncé « 500.000 participants et 30.000 capotes distribuées ». Il n’y avait probablement pas autant de manifestants, mais la préfecture ne devrait pas contester le deuxième chiffre.

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