Notre-Dame-des-Landes: Les cinq sujets qui fâchent à la loupe
AEROPORT•Ce qu’il faut savoir sur les débats liés au bruit, à l'urbanisme, à l'environnement, à l'emploi, et à la dépense publique du projet de transfert de l'aéroport Nantes-Atlantique…Frédéric Brenon
Faut-il transférer l’aéroport Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes ? La question doit être tranchée sous peu par le gouvernement. Une décision « difficile », reconnaît par avance le Premier ministre, car le sujet divise depuis des années les habitants de Loire-Atlantique et l’opinion publique. Ce qu’il faut savoir sur les cinq principaux points de désaccord.
1) Le bruit subi par les habitants. On estime à 42.000 le nombre de personnes actuellement exposées aux nuisances sonores des avions se posant et décollant à Nantes-Atlantique. En comparaison, elles seraient 900 à Notre-Dame-des-Landes (NDDL). La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) considère qu’en cas de maintien de l’actuel aéroport la zone de nuisances devrait s’étendre, notamment sur l’île de Nantes et le sud du centre-ville, en raison de l’augmentation du trafic. Les opposants avancent, à l’inverse, que cette zone se réduirait en raison des progrès technologiques des avions qui font d’ores et déjà un peu moins de bruit. Ils réclament aussi l’arrêt des vols de nuit et de nouvelles trajectoires de descente des appareils (plus silencieuses).
2) L’impact sur l’urbanisme. Les pro-NDDL misent sur un départ de Nantes-Atlantique pour construire plusieurs milliers de logements (6.000 annoncés) et accueillir de nouvelles entreprises en lien avec Airbus et l’activité aéronautique. Ils craignent aussi que l’extension du plan d’exposition au bruit (PEB) empêche des constructions à Nantes, Rezé, Bouguenais et Saint-Aignan-de-Grandlieu, favorisant ainsi l’étalement urbain sur d’autres communes. Les opposants rétorquent que la place ne manque ni autour de l’actuel aéroport (les parkings sont étalés au sol), ni dans la métropole, et que les contraintes de bruit peuvent être revues à la baisse avec des aménagements de piste et de trajectoires.
3) L’environnement sacrifié Les anti-NDDL dénoncent une disparition de terres agricoles et une menace pour la biodiversité. Le nouvel aéroport serait bâti sur des zones humides particulièrement vulnérables et importantes pour l’équilibre écologique du département, notamment pour la prévention des inondations. Pire encore, les mesures de compensation proposées par Vinci ont été jugées insuffisantes par des experts sollicités par l’Etat et le rapport des médiateurs remis mid-décembre. Les pro-aéroport répondent que les exploitants agricoles de Notre-Dame-des-Landes ne sont pas si nombreux et font essentiellement de l’élevage. Ils font aussi remarquer que le site de NDDL, qui conserverait de nombreux espaces verts, est situé en dehors de toute zone de protection Natura 2000, contrairement au lac de Grandlieu actuellement survolé par les avions. Ce survol du lac ne serait pas un problème pour la faune, selon les scientifiques.
4) Les emplois en jeu. Plus de 3.000 personnes seraient amenées à travailler sur le chantier de construction du nouvel aéroport, censé durer trois à quatre ans. Les pro-NDDL pronostiquent aussi qu’un départ de l’actuel aéroport libérerait de l’espace pour de nouvelles activités sur le site de Nantes-Atlantique, donc de nouveaux emplois. Les anti-NDDL estiment que le chantier n’est pas créateur d’emplois durables et que, de toute façon, il y aurait également besoin de main-d’œuvre si l’on rénovait l’aérogare et la piste de Nantes-Atlantique.
5) L’argent public dépensé. Selon son projet initial, l’aéroport de NDDL coûterait, à l’ouverture, 561 millions d’euros, dont près des deux tiers à la charge du seul concessionnaire Vinci. Réévaluée par le récent rapport des médiateurs en tenant compte du retard et de l’augmentation du trafic plus rapide que prévue, la facture avoisine désormais un milliard d’euros (desserte en tram-train incluse). Un réaménagement de Nantes-Atlantique coûterait moins cher : entre 465 et 600 millions d’euros (desserte en tramway incluse) selon le rapport des médiateurs. Entre les deux scénarios, l’écart pour l’Etat et les collectivités serait de 250 à 350 millions d’euros. Mais il se réduirait nettement si l’on ajoute les frais d’indemnisation due au concessionnaire Vinci si l’aéroport de NDDL ne se fait pas (a minima plusieurs dizaines de millions d’euros), ainsi que la vente des terrains de Nantes-Atlantique au profit de l’Etat si le transfert a lieu.