SECURITEUne Fête de la musique perturbée par les mesures de sécurité

Une Fête de la musique perturbée par les mesures de sécurité

SECURITEQue les mélomanes se consolent, la Fête de la musique est certes chamboulée, mais elle aura bien lieu…
Florence Floux

Florence Floux

Etat d’urgence, Euro de football… La Fête de la musique tombe plutôt mal cette année. Polarisées sur des questions sécuritaires de taille, les préfectures de police et les forces de l’ordre en général ont déjà fort à faire. La 35e Fête de la musique en fera donc - un peu - les frais.

A commencer par la ville de Marseille, ville hôte de l’Euro, qui a carrément décidé de déplacer les festivités du 21 au 23 juin, où aucun match ne doit avoir lieu. En effet, la cité phocéenne doit accueillir le 21 juin une rencontre Ukraine-Pologne classée 3 sur 4 sur l’échelle des risques. Et pour cause, « le gros foyer du hooliganisme est en Europe de l’Est », rappelait récemment Ludovic Lestrelin, spécialiste des mouvements de supporters. Résultat, la cité phocéenne a choisi la prudence en n’ajoutant pas au risque hooligan les festivités musicales. « Nous aurons moins de sites à sécuriser en même temps, affirme le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nunez. Le dispositif de sécurité sera adapté à l’événement de la Fête de la musique. »

On change les règles

A la suite des violents affrontements du 11 juin entre Russes et Anglais à Marseille, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a demandé aux préfets d’interdire la consommation et le transport d’alcool dans les « périmètres sensibles » les veilles et jours de match, ainsi que les jours d’ouverture des fan-zones. Ces arrêtés préfectoraux restent donc valables également pour la Fête de la musique, si elle coïncide avec des veilles ou des soirs de matchs.

C’est le cas pour Bordeaux qui reçoit elle aussi un match le soir du 21 juin, Espagne-Croatie. Et la municipalité a tout de même maintenu les festivités… tout en changeant ses habitudes. Contrairement aux autres années, les bars n’auront pas de dérogations et fermeront à la même heure que tous les autres soirs. Idem pour tous les autres lieux : fan-zone, scènes… Le rideau de fin tombera quoi qu’il arrive à 2h. La ville a également essayé de délocaliser au maximum les concerts pour éviter d’engorger le centre-ville, déjà bien occupé par la fan-zone de la place des Quinconces. Quant à Lens, qui accueille elle aussi une rencontre de l’Euro - République tchèque-Turquie - le soir de la Fête de la musique, la Ville a choisi de ne rien changer à ses habitudes. Aucun renforcement de sécurité ne sera mis en place non plus dans cette ville de 32.000 habitants.

Une place fermée à Toulouse

En revanche, Toulouse voit ses traditions du 21 juin chamboulées pour cause d’état d’urgence. Chaque année, France 2 retransmet un concert en direct et la Ville rose a été choisie pour 2016. La soirée de la place du Capitole sera présentée par Garou. Habituellement, la place principale de la ville est ouverte à tous, mais pas cette année. Un système d’inscriptions gratuites en ligne a été mis en place pour les 16.000 premiers à réagir.

Après cette réservation gratuite sur Internet, il a fallu se déplacer en personne au Zénith dimanche muni de son justificatif d’inscription et d’une pièce d’identité pour aller chercher son bracelet indétachable. « Si on a mis en place ce système, c’est pour conserver la sécurité autour de l’événement. Mais aussi pour ne pas ouvrir la porte à une revente des places et éviter les contrefaçons », justifiait dans nos colonnes Frédéric Brasiles, conseiller municipal délégué aux Fêtes et Manifestations, la semaine dernière.

Un grand concert annulé à Paris

Le concept de place fermée pour mieux assurer la sécurité de l’événement a suscité nombre de polémiques auxquelles le maire (LR) Jean-Luc Moudenc avait réagi : « J’aurais préféré, bien entendu, que la place du Capitole soit libre d’accès pour le public. Mais ma responsabilité, plus que jamais dans la situation que connaît notre pays et que Toulouse a douloureusement vécue par le passé, est de s’assurer que les conditions de sécurité les plus appropriées soient mises en place pour les Toulousains. »

Parfois, les festivités ont tout simplement été annulées pour cause de sécurité. C’est le cas à Paris, du concert Ricard S.A Live Music/fair, qui se tient traditionnellement place Denfert-Rochereau depuis 1988. Le 9 juin, la préfecture de police de Paris a rendu un avis défavorable à la tenue de l’événement, expliquait Ricard S.A Live Music/fair dans un communiqué : « Après une étude du dispositif de sécurisation nécessaire au bon déroulement de cet événement, il a été décidé que ce concert devait être annulé, au regard de la mobilisation importante des forces de sécurité intérieure pour la protection des stades et des fan-zones ainsi que pour leurs autres missions. »

« Le choix de la sagesse »

Pour Pascal Creusot, responsable de la scène chez Ricard S.A Live Music, « c’est le choix de la sagesse. Les effectifs de police sont mobilisés sur d’autres événements, entre la concomitance de l’Euro et de l’état d’urgence. On ne va pas prendre le risque d’organiser un concert qui peut réunir de 8.000 à 12.000 personnes si on ne peut pas assurer la sécurité des gens ».

Pourtant, d’autres concerts d’ampleur et en plein air, comme celui prévu aux Invalides, sont maintenus. « La préfecture de police a dû faire un état des lieux. C’est compliqué de faire face à tout. On a essayé de trouver des solutions, de changer de lieu, mais c’était difficile de tout bouleverser au dernier moment. Dans le contexte actuel, qui est très particulier, il faut savoir se résigner, même si on a forcément un pincement au cœur », indique Pascal Creusot. Interrogée, la préfecture de police de Paris n’a pas souhaité s’exprimer.