SECURITELe centre d'information de la police a fait ses preuves à Magnanville

L'attentat de Magnanville, baptême du feu du nouveau Centre d'information de la police nationale

SECURITEBernard Cazeneuve a officiellement inauguré ce jeudi à Paris le Centre d’information de la police nationale, opérationnel depuis le 30 mai…
Florence Floux

Florence Floux

Faire « tomber les murs ». Bernard Cazeneuve a inauguré ce jeudi matin le Centre d’Information de la police nationale (CIPN), au sein du ministère de l’Intérieur, à Paris. Le but est simple : créer une salle où toutes les directions de la police nationale sont représentées 24h/24 et 365 jours par an, pour favoriser la remontée de l’information en temps réel.

« Avant, il y avait autant de salles qu’il y avait de services », a résumé le ministre de l’Intérieur. Un plateau de 200m2 a donc été créé avec plusieurs pôles : sécurité publique, police aux frontières, police judiciaire, renseignements territoriaux, CRS, service de protection et direction générale de la police nationale… Tout le monde est là. En tout, 33 pupitres qui peuvent également accueillir de façon ponctuelle d’autres services, en fonction des événements : préfecture de police de Paris, gendarmerie ou bien le TSLO (Team Security Liaison Officer) qui travaille sur actuellement sur l’Euro.

« En cinq minutes, on savait ce qui se passait »

Mis en service le 30 mai, le CIPN a fait ses preuves dès lundi soir, lors du meurtre de deux policiers à Magnanville (Yvelines). « En cinq minutes, on savait ce qui se passait », constate le chef d’État-major du directeur de la police nationale. « La remontée de l’information a été beaucoup plus rapide qu’avant. Toutes les directions ont été informées en même temps », explique-t-il.

« Le CIPN permet également d’avoir une information plus pertinente. Le problème sur ce genre d’événements, ce sont les informations contradictoires. Là, tout le monde est dans la même salle, on vérifie tout en une minute », confirme Jérôme Bonet, chef du service d’information et de communication de la police.

« En gestion de crise, le COP, le centre opérationnel de police, peut se mettre en place en une heure. Le CIPN permet l’optimisation de cette première heure, qui est souvent déterminante en termes d’actions entreprises », poursuit le chef d’état-major, qui chapeaute également le CIPN.

La méthode Cazeneuve

L’idée de ce nouveau centre n’a pourtant pas germé pendant les attentats. « Le directeur de la police nationale, Jean-Marc Falcone, a voulu créer un état-major pour mettre en place une véritable coordination entre les différentes directions. Les événements de janvier 2015 n’ont fait que renforcer cette volonté », indique le chef du CIPN.

Le ministre de l’Intérieur avait lui-même appelé tous les directeurs de la police et de la gendarmerie à travailler main dans la main pendant les attentats de janvier 2015. Le soir de l’attaque à Charlie Hebdo, comme le rapportait Le Parisien Magazine, consterné par la concurrence qui régnait entre les services, Bernard Cazeneuve avait réuni dans la salle du Fumoir, place Beauvau, les patrons des services de renseignement, de police et de gendarmerie : « Ce n’est pas tel ou tel service qui attrapera les Kouachi, c’est la République, avait-il alors martelé de sa voix basse. Et si ce n’est pas le cas, nous sauterons tous. Alors maintenant, vous allez vous parler, échanger vos informations et travailler ensemble. Je retourne dans mon bureau, mais vous, vous ne sortez pas d’ici avant qu’on les ait arrêtés. »

Le ministre de l’Intérieur poursuit donc son œuvre de coordination au sein des forces de l’ordre, après avoir également mis en place en avril une plus grande coopération entre ses forces d’élite - le Raid, la BRI et le GIGN - dans le cadre schéma national d’intervention.