SECURITEYvelines: Les policiers vont-ils davantage garder leur arme 24h/24?

L'attaque dans les Yvelines va-t-elle inciter les policiers à garder leur arme 24h/24?

SECURITELes meurtres au couteau de deux policiers dans les Yvelines par un individu se revendiquant de Daesh relance le débat...
Florence Floux

Florence Floux

La question revient sur le tapis. Après le meurtre de deux policiers à Magnanville (Yvelines) lundi soir, la protection des policiers et le port d’arme est à nouveau au centre des débats. Le procureur de Paris François Molins a indiqué ce mardi que l’assaillant, qui s’est revendiqué de Daesh, « connaissait la qualité de policier de la victime ». Ce qui aurait sans doute fait de lui une cible de choix pour son agresseur.

L’état d’urgence instauré après les attentats du 13 novembre permet aux forces de l’ordre de garder leur arme avec elles hors service, c’est-à-dire 24h/24, y compris pendant leurs congés. « Il s’agit vraiment du choix de chaque fonctionnaire. Certains préfèrent être en mesure de répliquer à tout moment s’il se passe quelque chose. D’autres ont des enfants en bas âge et préfèrent ne pas avoir d’arme à la maison », indique Mathias Guillard, délégué départemental Unsa dans les Yvelines.

Un choix personnel qui ne semble pas si répandu, selon le syndicat Alliance. « Ce n’est pas entré dans les mœurs, ni côté policier, ni côté population », estime Julien Le Cam, secrétaire départemental dans les Yvelines. « Certains vigiles font des histoires si vous portez votre arme, y compris si vous vous justifiez avec votre carte professionnelle. Il y a eu des histoires dans les musées par exemple. Ça fait parler de vous dans les services, et les policiers n’ont pas envie de passer pour des cow-boys », continue Julien Le Cam.

Un peu plus répandu après le 13 novembre

« De nombreux fonctionnaires de police ont porté leur arme pendant un certain temps après le 13 novembre, dans mon entourage, j’ai l’impression que c’est en train de s’essouffler », confie un policier, qui confirme qu’il est tout simplement impossible d’assister à un concert avec son arme de service, même en présentant sa carte.

Les « mœurs » ne sont pas les seuls problèmes. L’arme se trouve sous la responsabilité du policier, et sous sa garde permanente. « Soit ton calibre est sur toi, soit tu le remises dans un endroit où on ne peut pas te le voler », explique le fonctionnaire de police.

Les syndicats montent au créneau

L’attaque du commandant de police - dont on ignore s’il portait son arme de service au moment des faits - et de sa compagne la nuit dernière pourrait convaincre des fonctionnaires qui laissaient auparavant leur arme au commissariat. « Certains nous disent qu’ils se sentiront plus en sécurité en portant leur arme », témoigne Mathias Guillard, d’Unsa. Le syndicat Alliance demande pour sa part à ce que la mesure qui autorise les forces de l’ordre à porter leur arme 24h/24 devienne permanente, y compris après la levée de l’état d’urgence. Tout comme la SGP-Police Midi-Pyrénées.

Une demande qui a semble-t-il été entendue par le gouvernement : l’autorisation pour les policiers d’être armés en permanence, y compris hors service et sur la base du volontariat, sera prolongée au-delà de l’état d’urgence, en vigueur jusqu’au 26 juillet, ont annoncé ce mardi soir les responsables des syndicats policiers à l’issue d’une rencontre avec le ministre de l’Intérieur.

« Il faut surtout une réponse judiciaire digne de ce nom, que les terroristes aient peur de s’attaquer à un policier », juge pour sa part Julien Le Cam.