Grève à la SNCF: Manuel Valls appelle à signer «un bon accord» et à cesser une grève «incompréhensible»
SOCIAL•Le Premier ministre a appelé les syndicats à signer l’accord proposé par la direction…A.Ch. avec AFP
A trois jours du début de l’Euro, Manuel Valls voudrait bien que les trains partent à l’heure. Le Premier ministre a appelé ce mardi les syndicats de la SNCF à signer le « bon accord » proposé après d’intenses négociations avec la direction, ainsi qu’à cesser la grève menée par la CGT et SUD depuis sept jours, devenue selon lui « incompréhensible ».
La grève a néanmoins été reconduite pour mercredi par toutes les assemblées générales de cheminots, selon un nombre significatif de résultats recensés par SUD-rail et FO-cheminots, qui, insatisfaits du projet d'accord sur la table, ont appelé à poursuivre le mouvement.
« Un bon accord » (5 fois dans la même phrase)
« Tout le monde considère que c’est un bon accord, un bon accord pour l’entreprise et pour la branche », a déclaré Manuel Valls en sortant de la réunion hebdomadaire avec les députés socialistes à l’Assemblée. « C’est un bon accord qui permet le développement de la SNCF, c’est tout à fait crucial, mais qui offre aussi des garanties aux cheminots. C’est un bon accord et y compris les négociateurs de la CGT reconnaissent que c’est un bon accord », a-t-il dit devant les journalistes.
« Une grève incompréhensible » (4 fois dans la même phrase)
Pour le Premier ministre, « il y a donc toutes les raisons pour que cesse ce mouvement de grève qui touche la SNCF qui est incompréhensible ». « Incompréhensible parce qu’il n’a rien à voir avec la loi travail. Incompréhensible parce qu’aujourd’hui, toutes les raisons existent pour considérer qu’on a trouvé un bon accord pour l’avenir de la SNCF et qui protège les cheminots. Et incompréhensible là notamment où il y a des perturbations liées aux inondations, et cette grève en rajoute par rapport à la galère, aux difficultés que vivent déjà les usagers », a-t-il développé. « Donc il faut que cette grève s’arrête, cesse, elle ne correspond pas, me semble-t-il, à l’idée même qu’on peut se faire de la grève et à ce qu’attendent les usagers partout où il y a des perturbations insupportables », a justifié le Premier ministre, imitant l’appel lancé mardi par François Hollande dans la Voix du Nord.
La CFDT signataire, SUD-rail appelle à poursuivre la grève
Sans surprise, la CFDT-Cheminots a annoncé qu’elle signerait le projet d’accord sur l’organisation du travail à la SNCF, ainsi que la convention collective du secteur ferroviaire.
« Le conseil national CFDT-Cheminots décide de signer à l’unanimité accord SNCF et CCN ferroviaire ce jour », a écrit Rémi Aufrère, secrétaire adjoint du 4e syndicat de la SNCF, sur Twitter.
L’Unsa-ferroviaire (2e syndicat) qui avait salué des « avancées » ces derniers jours, se prononcera mercredi.
Le projet d’accord sur l’organisation du travail à la SNCF « ne reprend pas les revendications des cheminots en grève », indique de son côté SUD-rail qui appelle à la poursuite du mouvement.
SUD-rail veut montrer aux patrons que les cheminots restent « mobilisés »
Dans un communiqué mis en ligne mardi, le troisième syndicat de la SNCF (17 %) estime que le projet d’accord mis au point dans la nuit, « bien loin » de la réglementation actuelle (RH0077), ne comporte que « quelques mesurettes » et va « sur certains points dégrader le quotidien des cheminot(e) s ».
Le texte « ne reprend pas les revendications des cheminots en grève », « montrons aux patrons que nous restons mobilisés », est-il écrit.
« On continue d’appeler (à la grève) et on soumet aux assemblées générales nos analyses », a précisé à l’AFP le secrétaire de la fédération SUD-rail, Eric Santinelli.
La balle dans le camp de la CGT ?
La validation de l’accord d’entreprise repose principalement sur les épaules de la CGT-Cheminots, première force syndicale à la SNCF. Elle peut soit l’accepter, soit s’associer à SUD pour faire valoir leur droit d’opposition et ainsi bloquer son application.
Le projet est ouvert à la signature jusqu’au 14 juin et consacre globalement le maintien des règles internes actuelles (RTT, repos), voire les améliore (travail de nuit). Le PDG de la SNCF Guillaume Pepy avait dû renoncer, sous la pression du gouvernement, à assouplir la réglementation et à des dizaines de millions d’euros d’économies potentielles.